Contre le décrochage scolaire, la «veille éducative»

Au lycée Lapérouse (photo d'archives).
Lutter contre le décrochage scolaire en Nouvelle-Calédonie en suivant les enfants à risque tout au long de leur parcours, c’est ce que préconise la province Sud. Cette «veille éducative» fait partie du plan d’action de la collectivité.
Observer, alerter et accompagner, voilà tout l’intérêt de la «veille éducative». Ce dispositif représente un moyen de lutte contre le décrochage scolaire et de prévention contre la délinquance. Développé depuis plusieurs années dans certaines communes, il est préconisé dans le plan d’action de la province Sud en la matière. Il s’agit d’assurer dès le plus jeune âge une continuité dans le parcours scolaire de l’enfant qui présente des signes de fragilité, dans son temps de loisirs et son temps familial.

Chercher les problématiques de fond

Pour les intervenants dans la prévention du décrochage scolaire, il n’est plus question de régler un problème ponctuel. Mais d’aller chercher les problématiques de fond. Bien souvent, elles sont d’ordre familial, souligne Philippe Hardouin, coordonnateur du plan de prévention de la délinquance en province Sud : «Défaut de parentalité, défaut d'éducation... Souvent, on s'aperçoit que frères et sœurs sont dans la même situation, donc c'est bien un problème qui vient de la famille.»

«L'absentéisme est le premier indicateur»

Dès qu’un enfant commence à manquer l’école, le réseau des acteurs de la veille éducative se met en alerte. «L'absentéisme est vraiment le premier indicateur. Il y a aussi des absentéismes qui sont justifiés par les parents, parce que ça les arrange que le gamin reste à la maison pour faire des travaux à droite et à gauche», signale Philippe Hardouin.

Dès le primaire

«Et on s'est rendus compte qu'il y avait également des problématiques d'absentéisme scolaire au niveau du primaire, poursuit-il: fin de CE2, CM1, la liaison CM2-sixième est importante également. Au niveau des conseils locaux de sécurité, tous les coordonnateurs s'accordent à penser qu'il faut vraiment prendre le problème, maintenant, dès le primaire. Alors qu'avant, les signalements émanaient à 99 % du secondaire.»
 

Tout un réseau

Après une analyse de la problèmatique, le coordonnateur fait appel aux partenaires qui pourraient apporter la meilleure réponse à chaque situation : parents, associations, établissements scolaires, vice-rectorat, police et gendarmerie, conseil coutumier, DPASS, magistrats ou encore services de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse. Tous sont mobilisables pour mettre en œuvre une résolution collective du problème, détaille Philippe Hardouin, coordonnateur de la province Sud depuis septembre 2016: «En fait, la veille continue au-delà de la résolution du problème donné de l'enfant, pour le suivre le temps de sa scolarité, pratiquement jusqu'à temps qu'il arrive à sa vie d'adulte autonome.»

Educateur spécialisé

L’enfant sera suivi tout au long du processus par un éducateur spécialisé. Par ailleurs, plusieurs postes de coordonnateurs de veille éducative devraient être créés dans les communes du Grand Nouméa et de l’intérieur qui disposent d’un CLSPD, un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance.