Faute de route, on prend la mer. Mais même en bateau, quitter le Sud du Mont-Dore représente une véritable expédition, ces jours-ci. D'où le ras-le-bol d'habitants excédés. Une situation évoquée par la ville du Mont-Dore dans un communiqué, ce mardi. NC la 1ère revient sur les grandes lignes du problème.
Une nécessité
Cinq semaines après le début des violences, l’unique axe qui relie le Sud de la Calédonie au reste de la Grande terre n’est pas sécurisé. Il est franchement déconseillé de tenter la traversée de Saint-Louis par la RP1 entre La Coulée et Saint-Michel. Pour plus de dix mille habitants, la voie maritime est actuellement le seul moyen sûr de rejoindre le reste du pays.
Plusieurs acteurs associés
Cela est possible grâce à un dispositif exceptionnel de navettes maritimes gratuites. La mairie rappelle que leur mise en œuvre répond à un protocole qui lie la commune, le Syndicat mixte des transports urbains (SMTU) et la province Sud. Dans le sillage de précédentes crises, elles ont été organisées dès le 13 mai, malgré un contexte pesant, même côté mer.
Trois sites
Sans réservation, ce dispositif exceptionnel est déployé chaque jour entre le wharf du Vallon-Dore et la marina de Port-Moselle à Nouméa. Avec une desserte de Port-Boulari dans la partie Nord du Mont-Dore. Les voyages se succèdent tout au long de la journée, avec des horaires plus tardifs depuis que le couvre-feu a été élargi - il est en vigueur de 20 heures à 6 heures le lendemain. Le fonctionnement est annoncé la veille de chaque jour par des publications sur les pages Facebook de la province et du réseau Tanéo.
Une flotte variée
Le service est monté en puissance. La semaine dernière encore, "des navettes supplémentaires ont été affrétées, devant la nécessité de renforcer le dispositif". À ce jour, détaille le communiqué de la mairie, "la flotte disponible est à composée de semi-rigides de douze places, d’un catamaran d’une vingtaine de places et du Coral palms", navire de 96 places qui dessert d'ordinaire l'îlot Maître.
Pas assez de capacité ni de rotations
Malgré tout, le système est soumis à la pression grandissante de la demande : les rotations permettent de déplacer quelques centaines de personnes, face à des milliers d'habitants bloqués. Car si la RP1 reste entravée par des barrages, l'activité professionnelle et les services ont peu à peu repris dans l'agglomération. Il n'est pas rare de devoir attendre plusieurs heures avant d'embarquer (même si ça n'a pas été le cas ce mardi). Attente dans un froid grandissant le matin, et des conditions plutôt spartiates, sans oublier plusieurs suspensions liées aux conditions météo défavorables.
La solution atteint ses limites
Bref, malgré les efforts consentis, "la reprise progressive du travail ainsi que la rentrée scolaire ont pour conséquence de démontrer les limites du dispositif actuel", reconnaît la mairie, "et l’obligation impérieuse d’ouvrir la voie terrestre. De ce fait, à ce jour et pour le reste de la semaine, la circulation par voie maritime reste extrêmement tendue et aléatoire." Résultat, une liste de passagers prioritaires est annoncée.
Des places réservées en priorité
"Dans ce contexte, il ne serait pas décent de demander à notre population isolée de limiter ses allées et venues", indique en effet la mairie. "Néanmoins, la capacité de transport de passagers est telle et les priorités, si nombreuses, qu’il nous faut nécessairement réserver des places". Sont prioritaires :
- les urgences médicales (personnes dialysées notamment) et le personnel soignant
- le personnel de secours
- le personnel avec des missions d’urgence ou d’intérêt général (ex : Calédonienne des Eaux, personnel municipal, etc.)
- les personnes malades ou âgées et leur accompagnant, une seule personne admise
- les personnes en situation de handicap
- les femmes enceintes et les nourrissons avec leur accompagnateur
- le personnel enseignant.
Il est aussi demandé d’éviter d’utiliser les navettes aux heures de pointe "si votre trajet est destiné à vous ravitailler ou d’agrément".
La recherche d'autres navires
L'association Citoyen mondorien a plaidé pour la mise à disposition de plus gros navires. Notamment le Prony express qui transporte les travailleurs de l'usine du Sud. Dans un communiqué du 15 juin, elle signale que "notre demande auprès de Prony Resources a reçu malheureusement une réponse défavorable, notre wharf étant trop petit pour accueillir ce bateau. Nous avons demandé à la province Sud de solliciter d’autres bateaux (…) ou encore de voir avec des pays voisins pour faire venir des bateaux supplémentaires."
"Les demandes de mise à disposition de nouvelles unités sont à ce jour déclinées", écrit le Mont-Dore ce mardi, "mais la ville et la province Sud continuent de chercher les moyens de renforcer la flotte et les rotations."