Quelque 50 000 personnes sont considérées comme pauvres en Nouvelle-Calédonie. C’est le chiffre le plus récent de l’Isee qui date de 2019. A l'époque, le seuil de pauvreté s’élevait à 86 000 francs mensuels. Depuis, la situation s’est accentuée. Il est difficile d’obtenir des chiffres précis portant sur les dernières semaines, mais le ressenti des institutions ou des associations vont dans ce sens. De plus en plus de familles ont du mal à boucler leurs fins de mois.
Marcel Toyon, le président d’Action solidaire, en fait le constat. Son association a distribué des produits alimentaires à plus de 500 foyers l’an dernier, soit à environ 3500 personnes. Et elle n’arrive pas à répondre à toutes les demandes. "Tous les deux mois, on a trois ou quatre nouvelles petites familles qui s’installent dans les squats car ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins dans les appartements. Ils ne peuvent plus payer leur loyer du coup après, ils se retrouvent à la rue", indique-t-il.
Des permanences complètes
Au Centre communal d’action sociale (CCAS) aussi, on observe une certaine paupérisation. Valérie Leclerc, la directrice de cette structure qui distribue des bons alimentaires et un soutien financier pour certaines factures, a demandé à ses équipes d’être particulièrement attentives au cours des prochaines semaines. "Lors de nos permanences d’accueil du mardi matin, on accueille tout public en difficultés sociales et financières. Au cours des trois dernières semaines, ces permanences étaient complètes."
Autre indicateur : les demandes d’aides au logement qui sont en hausse. "Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’à la suite du covid et de la crise économique, c’est la classe intermédiaire, qui n’avait jamais demandé d’aides sociales, qui monte des dossiers d’aides au logement", explique Muriel Malfar, élue à la province Sud et présidente de la commission de l’habitat.
Les familles de brousse touchées
Et cela ne concerne pas que les communes de l’agglomération. De plus en plus de familles de Brousse rencontrent des difficultés. Marcel Toyon reçoit déjà des demandes. "Ça commence parce que des champs ont été emportés par les intempéries. On ne croirait pas, mais ça impacte les familles. Les champs pour les familles du nord, c’est important", relève-t-il.
Une situation qui ne risque pas de s’améliorer avec l’augmentation déjà annoncée du carburant et de certains produits de première nécessité.