A Dumbéa, des odeurs pestilentielles après l’incendie d’une boucherie industrielle

Cette boucherie industrielle d'Auteuil fait partie des entreprises incendiées, au premier soir des émeutes.
Dans le quartier d'Auteuil, des odeurs de charogne et des mouches envahissent l’avenue de la Tonghoué. Il y a trois semaines, au tout début des émeutes, une boucherie industrielle a été incendiée. Depuis, les carcasses de viande continuent de pourrir sur place.

"Allez pas là-bas madame. Ça sent la mort ici." T-shirt remonté sur le nez, un habitant de l’avenue de la Tonghoué fait signe de s’éloigner. De l’autre côté de la chaussée recouverte de débris et de peinture, les bâtiments calcinés de la boucherie industrielle Selvi laissent s’échapper de fortes odeurs de viande en décomposition. "Le pire, c’est la nuit. On est parfois réveillé en plein sommeil tellement ça sent fort", confie une habitante des logements sociaux des Palmiers.

On peut rien laisser dehors, les mouches vont partout et entrent dans nos maisons.

Une habitante d'Auteuil

Un problème sanitaire

Située juste en face de l'entreprise sinistrée, une riveraine témoigne de "l’humidité qui fait remonter les odeurs le soir". Dans l'entrepôt de la boucherie, de nombreux lots de viande ont été volés. Mais pas les plus gros morceaux. "Ils sont en train de pourrir et se décomposer, avec tout ce que ça entraîne de rats, de mouches... On peut rien laisser dehors, les mouches vont partout et entrent dans nos maisons."

Cette propriétaire a alerté la mairie de Dumbéa et la gendarmerie. Mais depuis trois semaines, faute d'intervention, la situation s’aggrave. "Ça devient un problème sanitaire."

Mouches et rats... La zone pose des problèmes de salubrité.

 

 

Des questions de sécurité

Alerté par les habitants, le gérant de la boucherie est le premier à déplorer la situation. Son entreprise, achetée en 2007, emploie trente-trois salariés, qui vont tous se retrouver au chômage "pour cas de force majeure", se désole Jean-Franck Jallet. Problème, l'avenue de la Tonghoué est fermée de chaque côté par des barrages.

"Dès qu’on pourra intervenir dans l’entreprise, on interviendra, mais pour l’instant, on ne peut pas à cause du barrage, de la sécurité et du fait que la moitié des bâtiments sont détruits."

 

Ce sont des zones qui vont devenir désertiques.

Jean-Franck Jallet, gérant de la boucherie Selvi

Vouée à déménager

Le responsable de l'enseigne assure que "la question est traitée au niveau de la mairie, de l’assurance et à [son] niveau mais on ne peut pas faire n’importe quoi, n’importe comment". La société Selvi est l'une des premières sociétés à avoir été incendiées, le 13 mai, au premier soir des émeutes.

"C’est une entreprise qui fonctionnait bien, avec des clients qui étaient attachés à la société, estime Jean-Franck Jallet. On va essayer de remonter quelque chose mais ça va être compliqué parce qu’il y a un problème de locaux. Et il est hors de question qu’on se réinstalle dans ces coins-là. Je trouvais ça bien que les entreprises se mettent près des logements, c’est plus pratique si on veut venir à pied. Mais du coup, toutes ces zones de tensions sociales, qui ne vont pas s’éteindre comme ça, vu comme c’est parti, ce sont des zones qui vont devenir désertiques."