Crise en Nouvelle-Calédonie : deux mois et demi après, le quartier d'Apogoti, à Dumbéa, se cherche un nouveau souffle

Quand ils n'ont pas été abimés, les rideaux de fer sont presque tous baissés dans la rue du centre commercial.
La première semaine des émeutes, les commerces du complexe d’Apogoti avaient presque tous été saccagés et pillés... Depuis l’éclatement des violences, seules deux enseignes ont rouvert dans cette zone récemment aménagée de Dumbéa-sur-Mer. Commerçants et riverains attendent désespérément le retour à la normale.

Mandy Moleana a ouvert sa boulangerie en tout début d’année. Par chance, sa boutique a été épargnée par les émeutes. Mais le quartier lui semble encore bien vide : "j’ai eu l’habitude de le voir toujours avec plein de gens, vivant en fait… Et là, plus personne ne passe par peur. Les autres commerces attendent encore et moi aussi je les attends avec impatience, parce que ça redonnerait vie à notre centre commercial."

Les riverains toujours sur le pont

Sur les hauteurs du quartier, des habitants sont encore postés jour et nuit sur un rond-point pour surveiller la zone. "On a de l’eau, du café, énumère l'un d'eux, le bonjour des passants. On connait tout le monde maintenant. On espère que notre présence sera dissuasive". Car pour eux, la sécurité n'est pas garantie : "si on est là, c’est qu’on pense qu’on l’est pas tout à fait. Les forces de l'ordre passent mais ce n'est pas suffisant".

Les voisins du centre commercial continuent à tenir des barrages

Bureaux sacagés, immeuble inaccessible, reprise impossible

Propriétaire d’un local à Apogoti depuis deux ans, Cécile gère une société de production audiovisuelle avec son mari. "Toutes les économies d'une vie" mises dans ces bureaux, pillés et saccagés à plusieurs reprises et aujourd'hui toujours inutilisables. "Ce qui n’a pas été volé a été soit cassé soit souillé d’urine, de peinture, explique la trentenaire. Tout à reconstruire donc mais peu de moyens pour le faire, nous explique Cécile : "L'assurance prise pour notre matériel va nous rembourse à peu près un quart de ce qu’on a réellement perdu". Les aides publiques ?  "On ne rentre pas dans les entreprises éligibles parce qu’on travaille beaucoup en partenariat avec des contrats de co-production ou avec des subventions."

Quand bien même Cécile et son mari seraient opérationnels pour reprendre leur activité, il ne le pourraient pas. "Les bureaux sont inaccessibles parce que l’immeuble entier a été abimé. Il va falloir faire des réparations donc tant que l’immeuble n’est pas nettoyé, on ne pourra pas réutiliser ces bureaux. 

Les irréductibles optimistes veulent y croire

Un peu plus loin, de part et d'autre de la rue, les rideaux de fer restent désespérément baissés depuis deux mois. La Maison Nourry, boucherie réputée qui attirait de nombreux clients avant le 13 mai, est désormais seule ouverte ou presque. Mais Christian, le patron, veut croire à une reprise de l’activité dans le quartier. "Il commence à y avoir de plus en plus de circulation, ça bouge, les commerces commencent à nettoyer. Certains envisagent d’ouvrir très rapidement. Donc oui j’ai espoir. Avec tous les autres commerces, je ne souhaite qu’une chose, c’est ouvrir le plus rapidement possible".

De nouvelles enseignes pourraient même faire leur apparition : un célèbre magasin de sport envisage d’ouvrir très prochainement.