Le soir du mercredi 29 mai, à Koutio dans le Sud de Dumbéa, une confrontation entre des émeutiers et les forces de l’ordre prenait une terrible tournure.
Lors d’échanges de tirs avec le GIGN, unité d'élite de la gendarmerie, un homme était en effet blessé par balles, notamment à la poitrine. Il était alors transporté et soigné au Médipôle. Son pronostic vital était engagé.
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Le soir du mardi 11 juin, il a été confirmé à NC la 1ère de source officielle que cet habitant de Dumbéa n’a pas survécu. Il est décédé vers 16 heures et était âgé de 34 ans, a précisé ce mercredi le procureur de la République dans un communiqué. Yves Dupas indique que la victime, après avoir reçu les premiers soins par un médecin militaire du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, était hospitalisée depuis.
L’inspection générale de la gendarmerie nationale est saisie
Le parquet, ajoute-t-il, a ordonné une autopsie. Il a décidé par ailleurs, s’agissant des circonstances de l’usage de l’arme par le gendarme, "de saisir l’inspection générale de la gendarmerie nationale - bureau des enquêtes judiciaires- afin de procéder aux investigations utiles à la manifestation de la vérité."
Enquête pour "violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner"
"Le gendarme qui a fait usage de son arme de service", explique le procureur, "sera donc entendu par les enquêteurs dans le cadre d’une procédure ouverte pour violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique." Il sera également procédé à l’audition des témoins ainsi que de la famille, continue le communiqué. "De son côté, la section de recherches de Nouméa poursuit l’enquête diligentée du chef de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique."
Sous bracelet électronique mais considéré comme évadé depuis le 12 mai
Selon le procureur, le défunt avait "été condamné à plusieurs reprises pour des délits de violences avec arme ou sur conjoint ou concubin". Il "exécutait une peine d’emprisonnement de dix mois sous le régime de la détention à domicile sous surveillance électronique", c'est-à-dire sous bracelet électronique. Or, "le 12 mai", date des premiers barrages contre le dégel du corps électoral, "il était constaté une violation de ses obligations au titre de la surveillance électronique, par non réintégration à son domicile, ce qui a conduit le parquet à délivrer le jour-même, un mandat de recherches à son encontre du chef d’évasion par personne placée sous surveillance électronique."
Dans un petit quartier populaire
La succession de faits qui ont mené à ce nouveau drame est survenue dans un quartier populaire et quelque peu enclavé, entre l'avenue de la Tonghoué, la rue des Aloès et la petite rue des Lilas. A proximité d'un barrage tenu en opposition au dégel.
"Action de riposte"
Dans le communiqué diffusé le 30 mai, au lendemain de ces affrontements, le procureur de la République évoquait l'"action de riposte" du gendarme face à la victime armée d'un fusil, qui l'aurait pris pour cible. La thèse de la légitime défense est privilégiée, disait le parquet.
Sept civils et deux gendarmes mobiles tués
Le bilan humain officiel des violences qui secouent la Nouvelle-Calédonie depuis près d'un mois était jusque-là de huit personnes. Cela porte donc à neuf le nombre de tués par balle, sept civils et deux gendarmes mobiles.