Encore 1,5 tonne d'aubergines glanées pour les plus démunis

Valoriser les invendus et dégager les parcelles tout en luttant contre le gaspillage alimentaire, c'est le triple intérêt du glanage solidaire. Une nouvelle opération a eu lieu ce lundi, aux Jardins calédoniens de Dumbéa. Des associations dédiées aux plus démunis ont ramassé 1,5 tonne d'aubergines. 
Sécateur à la main, chapeau ou casquette sur la tête, une trentaine de personnes ont choisi de passer la journée de lundi dans les allées des Jardins calédoniens, à Dumbéa. Dès 8h30, les bénévoles des différentes associations s’activent, et sont même organisés. Un vrai travail d’équipe : pendant que les uns coupent les plantes, les autres cueillent les aubergines, tandis que d’autres encore remplissent les sacs de légumes. 
Micro-trottoir de Malia Noukouan : 

Au glanage solidaire d'aubergines

 
 

«Un plus» au menu

Et ce n’est pas la chaleur ou le soleil qui vont décourager ces petites mains. Tous se disent au contraire ravis de donner de leur temps pour les plus démunis. «C’est une joie pour nous, parce qu’on le fait pour aider les gens qui sont dans la précarité», confie Robert Wabete, sourire aux lèvres. A ses côtés, Annie Levant renchérit : «Ces légumes vont ajouter un plus à ce qu’on pourrait distribuer à des personnes qui ne mangent certainement pas souvent des légumes, à cause du prix.» Tous deux sont membres de la banque alimentaire «Dorcas». L’association vient en aide à une cinquantaine de personnes chaque semaine.
 
 

«Ça, c'est le vrai partage»

Le pasteur Louis Levant, de l’église évangélique de Pentecôte, en est le président. «Si on ne vient pas glaner ces aubergines, ce serait détruit, une tonne de légumes détruits ! C’est dommage, poursuit-il, alors que des personnes en ont besoin.» Les aubergines à la main, il ajoute : «On dit que la Calédonie est une terre de parole, terre de partage. Hé bien voilà, ça c’est le vrai partage, me semble-t-il. D’autant plus que tout le monde est gagnant-gagnant. Nous récupérons les légumes pour les personnes dans la précarité. Le jardin, lui, est nettoyé pour que l’agriculteur continue à planter. C’est ça, terre de partage, ce ne sont pas que des mots mais une réalité. Et je crois qu’il faut de plus en plus adopter cette mentalité de gagnant-gagnant. »
 
 

Un autre type d'activité 

A leurs côtés, des membres de l'Accueil-Macadam partage, du Secours catholique, de la société Saint-Vincent-de-Paul, de l’APEI (Association des parents et amis de personnes handicapées) et de la Rapsa (pour la Réintégration des anciens prisonniers dans une société accueillante). «On est plus souvent dans les chantiers d’insertion, à Ducos», décrit Joseph Wanabo, encadrant technique auprès de l’association L’Accueil. «Ça fait une nouvelle activité pour les jeunes, et c’est positif.»
  

«Le vivre ensemble de demain»

Parmi ces jeunes, Ludovic Padem : «Je trouve très bien ce genre d’initiatives parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont dans la rue, qui n’ont pas de travail, qui sont dans le besoin. C’est bien pour les gens en difficulté. Et ici, on cultive la terre, on récolte ensemble. C’est ça le vivre ensemble de demain.»
 

Des actions à généraliser

Cette opération solidaire a lieu à l’initiative de Zero Waste Pacific. C’est au moins la cinquième du genre. Et la seconde en collaboration avec les Jardins calédoniens. Une manière de valoriser les invendus agricoles tout en luttant contre le gaspillage alimentaire, développe Olivier Bouissou, cofondateur de Zero Waste Pacific, qui veut étendre ce type d’opérations à l’ensemble du monde agricole.
 
 

Livraisons

«Le principe, décrit-il, c’est que les associations qui sont présentes récupèrent ce dont elles ont besoin pour leurs bénéficiaires. Mais on livre aussi les associations qui n’ont pas pu être là aujourd’hui : l’Acapa (Association calédonienne d’aide aux personnes âgées), les Petites sœurs des pauvres, le foyer N’Gea, ou le foyer Reznik puisque ce sont des personnes âgées ou qui ont des problèmes physiques.»
 

L'espoir de transformer

Si les actions ont pour l’instant eu lieu à Dumbéa, Païta et La Foa, le concept semble séduire de plus en plus d’agriculteurs. A terme, Zero Waste Pacific espère pouvoir transformer une partie des légumes récoltés pour générer des recettes et financer le processus. Elle envisage aussi de rémunérer «à prix bien évidement réduit, les quantités collectées de manière à assurer un petit revenu complémentaire à ces bonnes volontés».
 
 

20 à 30 % de pertes estimées

Selon Zero Waste Pacific, environ 15 000 tonnes de légumes sont produits chaque année en Nouvelle-Calédonie. Les acteurs du monde agricole estiment que 20 à 30% n’arrivent pas dans l’assiette du consommateur. L’association espère ainsi valoriser 100 à 200 tonnes de légumes invendus cette année. En plus des légumes, Zero Waste Pacific souhaite également valoriser les invendus de la grande distribution. Une opération est d’ailleurs prévue au mois d’avril. Le gaspillage alimentaire représenterait 1% du chiffre d’affaire des grandes et moyennes surface, selon une étude réalisée par l’Adème. Soit jusqu’à 110 millions de FCFP chaque année.

Le reportage télé de Lorelei Aubry et Cédric Michaut : 
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