Impayés après la livraison du cinéma et de la résidence universitaire de Dumbéa : des entreprises du BTP trinquent

La résidence universitaire de Dumbéa
Dans un communiqué de presse envoyé ce jeudi matin, la Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics dénonce la multiplication des impayés. Et leurs conséquences. Elle s'appuie sur l’exemple du cinéma et de la résidence universitaire de Dumbéa, livrés en 2021.

Huit entreprises affiliées à la Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics (FCBTP) n’ont pas été entièrement payées pour la construction du cinéma et de la résidence universitaire de Dumbéa, livrés en 2021. Or, le promoteur “a été placé en redressement judiciaire par le tribunal mixte de commerce le 4 mai après avoir cessé de payer ses créanciers depuis le 26 mars”, indique la FCBTP dans un communiqué de presse envoyé ce jeudi matin. Il doit notamment “encore près de 70 millions de francs à des petites et moyennes entreprises calédoniennes” pour le cinéma et la résidence universitaire. “Ces impayés correspondent aux retenues de garanties, exigibles à ce jour, et au paiement de travaux commandés”, précise le courrier. 

Témoignage

Pour Catelec, plus gros créancier de la quinzaine d'entreprises du BTP concernées, ils représentent plus de 25 millions de francs, un dixième du chiffre d’affaires. Le résultat de deux ans de travail pour une douzaine de salariés spécialisés dans la distribution électrique. “On avait les épaules solides et d’autres chantiers où les contrats ont été honorés”, explique le patron de Catelec. Mais il a fallu “dégraisser un peu les effectifs, réinjecter de l’argent, renégocier avec les banques” pour "combler un peu le trou dans la trésorerie”. Car “de notre côté, on a payé les fournisseurs auxquels on a fait appel, réglé les charges sociales des travailleurs, payé des impôts puisque la recette (non perçue NDLR) apparaissait dans notre bilan comptable”, liste-t-il.  

"On a joué le rôle de banque”

Les retards de paiements sont de plus en plus fréquents, témoigne-t-il. “Mais à cette échelle-là, c’est la première fois pour nous.” Lui a réussi à sortir sa trésorerie du rouge en début d’année. D’autres entreprises, "qui avaient réussi à résister malgré la chute brutale de l'activité de construction depuis 2017, remettent aujourd'hui en question la pérennité de leurs emplois et de leur activité”, assure la FCBTP.  

Impossible de compter sur un paiement à court terme. Il dépend de la capacité du promoteur à sortir du redressement. En cas de liquidation, il sera conditionné au montant des actifs qui pourront être vendus. En résumé, les entreprises concernées pourraient ne jamais toucher l’argent dû. Ou “trop tard pour certaines”.

Les autorités sollicitées

C’est une véritable catastrophe”, souligne la FCBTP. Elle demande "des mesures particulières aux autorités, au nom de l’engagement politique pris pour soutenir la réalisation de ce projet d’envergure devant permettre d’animer le cœur de Koutio et de rendre accessible le Septième art”. Un projet qui a obtenu de Paris une défiscalisation importante, ajoute la FCBTP.  

Elle presse également les élus “d’agir pour faire respecter les délais de paiement des travaux et les conditions de mises en œuvre des retenues de garantie”. Ces dernières servent d’assurance en cas de malfaçons. Elles représentent 5% du montant du chantier, retenus pendant un an après la livraison. “Dans l'Hexagone, elles sont provisionnées sur un compte”, ce qui garantit leur versement à la levée des réserves. “Ici, ce n’est pas toujours le cas”, constate le patron de Catelec.