La grève des internes se poursuit aux urgences du Médipôle

Les urgences du Médipôle en Nouvelle-Calédonie.
Comme leurs confrères de Métropole, les internes en médecine du Médipôle sont à nouveau en grève, et ce jusqu’à mardi. Ils dénoncent un projet de loi qui prévoit d’instaurer une quatrième année d’internat. Une année pendant laquelle ils seraient envoyés dans les déserts médicaux.

Depuis le vendredi 28 octobre et jusqu'au mardi 1er novembre, les internes en médecine générale n'assurent plus leurs gardes aux urgences du Médipôle. Cette grève, qui intervient deux semaines après un premier mouvement de protestation, le 14 octobre dernier, vise à dénoncer deux articles du projet de loi de financement de la sécurité sociale, examiné à Paris. L'une de ces nouvelles mesures consiste à ajouter une quatrième année d'internat au cursus de ces étudiants. Ce qui porte la durée totale des études de médecine à dix ans.


Faire des économies

Les internes ont fait leur calcul et le compte n’y est pas. Certes, leur formation coûterait à l’Etat un peu plus de 12 millions de francs par étudiant. Mais le travail, qu’ils effectuent en tant qu’interne, ferait économiser 14 millions de francs au système de santé français.

Alors, pour Jean-Sébastien Mora, interne au Médipôle, la réforme ne vise pas à lutter contre les déserts médicaux, mais bien à combler les trous à bas coûts. "Il y a toute une stratégie du gouvernement (national, ndlr) d'exploiter, de faire durer l'internat, sous couvert de formations. Mais comme les internes font déjà le travail de docteur, en poste de praticiens hospitaliers, c'est une manière de faire des économies et pendant un an, de payer des gens, pas comme des docteurs mais comme des internes."


Des alternatives à étudier

D'autres solutions sont envisageables, selon cet étudiant en médecine. "On pourrait très bien imaginer travailler un an à la suite de notre doctorat, dans des zones de discontinuité d'accès aux soins." 

Travailler une année de plus et être moins payés, on considère que c'est se moquer de nous. C'est un mépris supplémentaire. 

Jean-Sébastien Mora, interne au Médipôle


De futurs diplômés exclus de l'intérim 

Autre mesure annoncée par le gouvernement pour lutter contre la pénurie de personnel médical, l’interdiction aux jeunes diplômés de faire de l'intérim. Une décision dure à avaler, selon ces étudiants pour lesquels faire des remplacements, après neuf années d’études éprouvantes, est une véritable bouffée d’air. 

"Au terme de l'internat, certains d'entre nous n'ont pas envie d'être embauchés tout de suite comme praticiens hospitaliers, indique Jean-Sébastien Mora. On est content de faire des remplacements ou de l'intérim. Cette possibilité, le gouvernement veut la faire disparaître."


Des internes en grande souffrance 

Ces nouvelles mesures inquiètent les étudiants en médecine, déjà en grande souffrance psychologique pour beaucoup. Selon Jean-Sébastien Mora, on relève en France "un suicide tous les dix-huit jours chez les internes" et " 70 % des internes qui se considèrent en état d'anxiété". 

Si le mouvement des internes se poursuit jusqu’à mardi soir, au Médipôle, les grévistes ne cessent pas totalement le travail. Seules les gardes au service des urgences ne seront pas assurées.