Actuellement, cinquante-cinq étudiants inscrits en Licence avec accès santé (LAS), bûchent pour sept places en médecine, cinq en chirurgie dentaire, trois pour les sages-femmes, deux en pharmacie et deux en kinésithérapie. La sélection est drastique, d’autant qu’avec la nouvelle réforme, les cours à distance sont au programme. Elina Natiello-Menkes, étudiante en première année note que la situation « est difficile pour beaucoup parce que ça demande effectivement beaucoup d’autonomie. Il faut vraiment s’organiser soi-même. Il y en a qui se font des planning. Il y en a qui n’y arrivent pas et c’est compréhensible parce qu’il y a vraiment beaucoup de matières ».
Durant trois semestres, ils seront sans cesse évalués en contrôle continu. La sélection est impitoyable. En 20 ans, 641 inscriptions et quelques années plus tard, 90 étudiants qui poursuivent leur cursus. Quitus pour Yvon Cavaloc, vice-président en charge de la commission formation et vie universitaire de l’UNC :
Maintenant, on travaille avec Bordeaux, on a changé de partenaire, mais c’est un nouveau mariage qui fera encore beaucoup de professionnels de santé et en 20 ans, le bilan est quand même largement positif.
Yvon Cavaloc
Le libre-choix
Les statuts des étudiants sont différents dès le début. Par exemple, les étudiants non boursiers qui réussissent leur thèse de doctorat, et souhaitent poursuivre leur spécialité, n’ont pas d’obligation de rentrer sur le territoire. L’explication est simple, pour Yvon Cavaloc : « globalement, ils veulent rentrer, mais c’est sûr que quand vous partez à 18 ans avec une première année validée et que vous revenez 10 ou 12 ans après, il peut se passer plein de choses en Métropole. On rencontre des conjoints, il y a toute une vie qui se met en place, des réseaux d’amitié aussi, des étudiants qui se sont rencontrés et qui se sont installés à plusieurs, ça arrive ».
L’obligation
Autre scénario : les boursiers calédoniens. Dès la fin de leur cursus spécialisé, ces médecins doivent obligatoirement rentrer. Encore faut-il qu’ils aient un poste. Baptiste Bozon a eu de la chance : « Juste à la fin de mes études le poste en stomatologie ici était libre. J’ai postulé. J’ai été pris et il a fallu vite arriver sur le territoire », raconte le chirurgien-dentiste actuellement en poste au CHT. Le docteur Bozon a travaillé trois ans tout seul, sans profiter de ses formations obligatoires. Maintenant qu’ils sont deux, certes il déplore que « le fait d’avoir été tout seul, je n’ai pas pu me former pendant au moins deux ans », il sait maintenant que « là, se sera incessamment sous peu de repartir, de se former et de voir les nouveautés ».
La main du destin
Autre cas, autre problématique, avec le docteur Khalida Amir. Boursière aussi et travaillant aux urgences pédiatriques, à sa plus grande surprise au départ. Elle s’en rappelle : « Je ne pensais pas, pendant toutes mes études, que j’allais faire de la pédiatrie, jusqu’à ce que je rentre en Nouvelle-Calédonie faire mon dernier stage en tant qu’interne ». Le tournant de sa vie : « là, je suis tombée amoureuse des urgences et de la pédiatrie et comme par hasard ,je suis revenue à la spécialité choisie initialement mais qui n’était pas forcément celle pour laquelle je me destinais». Cela dit, actuellement, cette assistante spécialisée se heurte à un problème professionnel de taille. Elle en témoigne :
On est renouvelé chaque année. Le maximum, c’est six ans et là, j’arrive à échéance. J’espère avoir ce poste parce que sinon je ne pourrai pas poursuivre aux urgences pédiatriques. Ça dépendra donc d’un poste de praticien hospitalier qui devrait se libérer en espérant qu’il soit pourvu rapidement.
Dr Kalidha Amir
Manque d'harmonie
Dans le milieu hospitalier, il n’y a aucune synergie entre les besoins de la Nouvelle-Calédonie et le choix des spécialités de nos médecins locaux, libres du coup d’exercer ce qu’ils souhaitent, là où ils le souhaitent. 20 ans après la première promo, seuls 90 médecins poursuivent leur spécialité. Nos étudiants calédoniens sont 34 à s’être orientés vers la médecine générale, sans que la Calédonie ait la garantie qu’ils reviennent travailler au pays un jour.
Regardez le reportage de Karine Arroyo et Franck Vergès :