Comment protéger au mieux les personnes sous tutelles ou curatelles?

Céline, aidante familiale à Lifou, prend soin au quotidien de son mari atteint de la maladie d'alzheimer, mais aussi de sa grande sœur.
Tous les trimestres, le Collectif handicaps organise une réunion d’information à Nouméa ou en brousse. Ce vendredi 20 juillet, il était question de la gestion des tutelles, au centre socio-culturel de la Foa. Des mesures judiciaires qui permettent de protéger une personne en perte d’autonomie ou suite à la dégradation de ses facultés.

2 400 personnes sont placées sous tutelle ou curatelle, en Nouvelle-Calédonie. À l’origine de ces dispositifs : un avis médical suite à un accident de la vie, ou bien le diagnostic d’une pathologie ou d’un handicap.

"Il n'y a personne qui m'aide"

Thierry est Lafoyen. Il a monté un dossier pour devenir le tuteur de sa femme il y a cinq mois. Elle est atteinte d’une maladie neurodégénérative. "Pour moi, cette rencontre est très enrichissante. Ça me permet de mettre un peu de positif dans l’avenir. Parce qu’il n’y a personne qui m’aide, si je ne vais pas moi au devant", lance Thierry. "C’est très long à mettre en place, mais petit à petit, on y arrive. Ce qui me réconforte dans cette histoire, c’est ce que je me dis qu’il y a plus malheureux que nous". 

Thierry est éprouvé par les démarches et la prise en charge de sa femme. Celui qui est devenu aidant familial pourra trouver un appui auprès de l’un des deux organismes de tutelle, comme l’Association pour la gestion des tutelles en Nouvelle-Calédonie.

Elle croule sous les demandes. "On a une centaine de mesures de tutelles supplémentaires par an", explique Françoise Wayaridri-Kaviereneva, directrice de l’association. "C’est très compliqué. On est obligés de demander aux juges de freiner la cadence. La semaine dernière, on en était à 883 mesures, pour 18 mandataires", détaille la directrice.

Investissement des familles

Le juge des tutelles Benoît Lhuisset essaie de partager la gestion au maximum entre les tuteurs familiaux et les mandataires judiciaires des associations. Il encourage les familles à s’investir dans le soutien de leurs proches. "On a affaire à plusieurs communautés. Le mode de vie de chacune est différent", assure Jean Saussay, président du Collectif handicaps.

"Ce n’est pas qu’ils se débarrassent mais certains mettent des membres de leurs familles sous tutelle parce qu’ils sont à bout. Ils ne veulent pas s’en occuper. Mais la vraie notion de la tutelle et de la mise sous protection, elle n’est pas bien connue", regrette le président du collectif. 

Une mesure de protection d’un majeur doit aussi permettre de sauvegarder ses intérêts matériels. Pour éviter les détournements de pension, ou les potentiels préparatifs d'héritages insiste le juge des tutelles, "c’est la personne protégée qui doit être au centre de l’attention".