Depuis le 12 octobre, les Lafoyens qui n'ont pas de machine à laver peuvent apporter leur linge à la laverie Mon Panier.
Située dans un local au premier étage d’un immeuble dans la rue principale du village, elle abrite deux lave-linge et deux sèche-linge et propose un service au volume. "Qu'on m'amène 4 kilos, 6 kilos ou 10 kilos, la machine coûtera 1 400 francs. Mes prix sont très accessibles, explique Merryl Némia, la propriétaire des lieux. Ça revient à peu près entre 200 et 250 francs le kilo."
"Fière de mon parcours"
Dans les odeurs de lessive, la jeune femme apprend la patience : celle du bouche-à-oreille qui lui permettra de vivre de sa nouvelle activité.
En 2010, âgée d'une vingtaine d'années, avec un CAP hôtellerie-restauration obtenu au lycée Escoffier, et 200 dollars en poche, elle avait quitté la Calédonie pour mettre le cap sur la Nouvelle-Zélande. "J'ai bien galéré. J'y suis restée presque deux ans. Il faut aimer prendre son sac à dos, aimer être seule. Mais ça forge énormément et j'ai appris à me connaître." Elle tente ensuite l'aventure dans l'Hexagone. "Grâce à la restauration, j'étais saisonnière un peu partout." Débutant en tant que commis de cuisine, elle deviendra maître d'hôtel en Haute-Savoie. "Je suis très fière de ce parcours."
A force de circuler dans le village de La Foa, et d'entendre les gens se plaindre qu'il n'y ait pas de service de blanchisserie ou de laverie, je me suis dit : pourquoi pas ?
Merryl Némia, entrepreneuse
De retour à Nouméa, en 2016, Merryl Némia devient opératrice horlogère, avant de s’installer en Brousse. Elle a investi toutes ses économies dans ce projet de laverie.
Pourquoi une laverie ? "À force de circuler dans le village et d'entendre les gens se plaindre qu'il n'y ait pas de service de blanchisserie ou de laverie, je me suis dit pourquoi pas ? J'ai repris mes recherches d'école, parce que dans l'hôtellerie et la restauration, on est obligé de passer par là. J'ai réveillé mes connaissances pour les appliquer correctement."
Prêt de l'Adie
Grâce à un prêt de l’Adie, l’Association pour le droit à l’initiative économique, le projet est devenu concret. Merryl Némia a déjà des habitués, qui viennent des alentours du village : elle ouvre tôt le matin, communique sur son activité sur les réseaux sociaux et démarche les professionnels de la région.
Mais les débuts dont difficiles, avec une quinzaine de clients le premier mois, elle refuse d'échouer. "Je suis toute seule à gérer, c'est le jeu, c'est comme ça. Je n'ai pas de salaire pour l'instant. On n'a pas le droit de se plaindre pour quelque chose qu'on a envie de voir aboutir. Je veux que ça marche et que les Lafoyens me soutiennent."
Et lorsqu'on lui demande ce qu'on peut lui souhaiter, la jeune femme répond avec un sourire : "de la pluie ! Ça me ramène des clients !"