Séniors : ils contribuent à la cotisation retraite, à l'heure de la retraite

Lucky, Michel et Gyslaine trois destins très actifs
Le travail des séniors, un sujet qui divise alors que la réforme sur les retraites bouleverse l’opinion hexagonale en Nouvelle-Calédonie. Et si certains se battent pour ne pas travailler plus, d’autres n’envisagent pas d’arrêter. Exemple à La Foa où trois séniors sont actifs et heureux de l’être.

Henry-Luc Fogliani alias Lucky est un homme heureux. Il y a trois ans il a repris une activité : ouvrier agricole dans cette pépinière de La Foa. “Je commence très tôt parce que j’aime bien le lever du jour” dit-il avant d’ajouter qu’“arrivé ici j’essaie de faire en sorte que les ouvriers qui vont arriver après (…) avancer un peu leur travail, préparer les chariots, les plateaux. Et là l’heure elle passe vite. Et puis à 6h30, 7h, tout le monde arrive et on démarre le travail”. À 67 ans, Lucky a exercé de nombreux métiers : pêcheur, capitaine, formateur, garde-nature, aquaculteur et on en passe. Aussi quand l’heure de la retraite a sonné, ce dynamique sexagénaire n’est pas resté longtemps dans son canapé. Il confie :

Je continue surtout, comme tout le monde, c’est pour ne pas mourir d’ennui parce qu’on a toujours été habitué à travailler, à faire des choses quoi ! D’un seul coup tu te retrouves un peu à la maison, dans un jardin, à bricoler, dans un canapé devant une télé un truc comme ça, et là tu te dis attention ! Non ! Je vais mourir.

Lucky - Agriculteur

Pour l’heure, Lucky est plein de vie et partage avec ses collègues son énergie, sa bonne humeur et bien sûr, son expérience. “C’est vrai qu’on a pas d’ingénieur agronome sur place, et que Henry-Luc de par sa mère Mami Fogliani, c’est un puits de connaissances”, assure Guillaume Lelfer, gérant de la pépinière, selon qui Henry-Luc “sort des noms latins comme ça, il ne sait pas comment il les a appris. C’est un peu le sage qui nous dit attention là c’est trop arrosé, là c’est pas assez, là il faut faire ci et ça”.

Mille et une vies

Gymnaste de haut niveau, saxophoniste, pilote, kiné ostéopathe, Michel a aussi vécu dix vies en une. À 74 ans, il manipule toujours quelques patients fidèles. Pas question pour lui d’arrêter de travailler. "Le jour de la retraite est arrivé au bout de 40 ans de carrière. Ça m’a paru être une journée normale et j’ai continué dès le lendemain" se rappelle-t-il avant d'ajouter "et donc depuis au moins dix ans, je continue". Gyslaine, l’épouse de Michel a fait le même choix. Après une carrière de comptable salariée, elle poursuit son activité en qualité de patentée.

Ce n’est pas une nécessité je dirai, pour la vie au quotidien. Maintenant c’est vrai que les retraites ne sont pas très élevées, et que si on veut avoir des loisirs, c’est bien qu’on puisse aussi avoir un financement à côté.

Gyslaine - Comptable

Financer leurs nombreuses passions, rendre service, tels sont les moteurs de cet infatigable duo. Michel le dit, "je ne sais pas comment ça va se terminer", mais il est sûr que "tant que je sens que physiquement je peux être utile, et puis tant que les patients me font confiance, je continue”. Amoureux de la vie et des autres, Lucky pense aussi à ceux qui viendront ensuite.

Peut-être que je suis en train de préparer la retraite de quelqu’un d’autre. Un gosse qui travaille là en ce moment et puis moi la cotisation que j’ai à la fin du mois ça sera pour sa retraite à lui. Ça fait plaisir aussi.

Lucky - Agriculteur

Lucky, Michel, Gyslaine : la preuve par trois que le travail des séniors est aussi synonyme de bonheur.

Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry les ont rencontrés. Reportage :

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