Des habitants et pêcheurs de Boulouparis contre la pollution en baie de Saint-Vincent

Plusieurs constats ont été faits durant cette opération anti-pollution.
Une opération a été menée dans la baie de Saint-Vincent pour dénoncer la pollution générée par l’activité minière. Chalands hors d'usage coulés, chenal obstrué et mangrove détruite pourraient donner lieu à une plainte. Mise en cause, la société Montagnat réfute les accusations.
Il fait un temps à ne pas mettre le nez dehors, ce vendredi 15 février. Mais les pêcheurs de Tomo, à Boulouparis, sont fermement décidé à défendre la baie de Saint-Vincent contre la pollution de l’activité minière. 
 

Sous les yeux d'un gendarme

Cap sur Tontouta, au quai de chargement du minerai de la société Montagnat.  Dans le cortège, des membres de l’association environnementale Ensemble pour la planète et des représentants du comité de la Zone côtière Ouest. Mais aussi des coutumiers des aires Xârâcùù et Ajië Aro, ainsi qu’un gendarme mandaté pour établir un constat sur place.
 
 

«Il faudrait tout nettoyer»

«Ce qui est scandaleux, c’est la pollution. Il y a trente ou trente-cinq ans, quand on entendait ma grand-mère parler, ils venaient pêcher des becs de cane autour de cet îlot, c’était bleu, ils ne voyaient pas le fond», pointe Gilda Tuilekutu, pêcheuse professionnelle de Tomo. «Aujourd’hui, il y a un mètre d’eau!» Elle ajoute: «On voudrait que cette baie redevienne comme elle était il y a quarante ans. Il faudrait tout nettoyer. La mine, d’accord, c’est l’économie du pays. Mais la pollution, non.»
 
 

La question des responsabilités

Des chalands hors d’usage lestés et coulés, ou encore ensevelis pour gagner du terrain sur la mer…  Parmi ces carcasses de ferraille, un seul chaland est en cours de démantèlement. Là encore, les protestataires constatent des pratiques anti-environnementales. «Ces mineurs ne sont pas en règle. Mais est-ce que la Dimenc (*), est-ce qu elles Affaires maritimes, ne sont pas responsables?», questionne Mylène Aïfa, présidente du comité de gestion de la Zone côtière Ouest. «Moi, je dis aujourd’hui: c’est eux qui n’ont pas fait leur travail.»
 

Palétuviers détruits

Autre constat: pour les travaux de démantèlement du chaland, quinze mètres carrés de  mangrove ont été détruits. Cet écosystème est pourtant protégé par le code de l’environnement de la province Sud. «Ces travaux-là doivent être contrôlés», dénonce Florent Eurisouké, membre d’EPLP. «Combien de pieds de palétuviers ont été arrachés?»
 
 

La SMGM conteste

La société minière Georges-Montagnat, propriétaire des lieux, réfute pour sa part ces allégations. Contactée par téléphone, elle assure que l’activité sur son site est systématiquement  contrôlée par la Dimenc (*): certains de ses «chalands hors d’usage ont été remplis de schiste, et non de minerais, pour éviter qu’ils ne dérivent dans la baie,  avant d’être démantelés».
 

La Dimenc sur place 

Ce que confirme d’ailleurs la Dimenc. Ses services ont fait le déplacement en baie de Saint-Vincent après avoir été alertés, il y quinze jours, par un courrier de Florent Eurisouké. «Nous sommes allés sur place», relate Sandra Gayral, chef de service des mines et carrières. 
 
 

«Projet de démantèlement»

«L’exploitant, lui aussi, a déjà commencé à traiter le sujet depuis quelques temps et a prévu un projet de démantèlement depuis plusieurs mois, ajoute-t-elle. En milieu d’année, normalement, l’ensemble des chalands auront été enlevés et démantelés. Dans tous les cas, les administrations compétentes suivent le sujet et s’il y avait défaut, les moyens réglementaires sont à notre disposition pour obliger l’exploitant à le faire.» 
 

Plainte annoncée

Mais les pêcheurs de Tomo, les associations et les coutumiers ne comptent pas en rester là. Ils ont l’intention de porter plainte pour pollution et dégradation de leur environnement marin. Affaire à suivre…

Un dossier de Sylvie Hmeun et Claude Lindor.
©nouvellecaledonie

(*) Dimenc: direction de l'Industrie, des mines et de l’énergie de Nouvelle-Calédonie