Île des Pins : après les agressions, la mobilisation

Au départ de la marche, rejointe par d'autres participants au fur et à mesure, vendredi 2' mars, à Vao.
Ce n'était pas un jour de classe ordinaire, ce vendredi, à l'île des Pins. Le fonctionnement des trois établissements scolaires a été perturbé par une mobilisation contre les violences. La réponse des habitants aux deux agressions survenues lundi.

Les slogans scandés parlaient d'eux-mêmes. “Halte à la violence.” “Enseignant agressé, élèves pénalisés.” “Stop à l’agression, oui au respect”. “Marchons pour la lutte contre les incivilités sur notre île.” Ce vendredi 24 mars, sur l'île des Pins, au moins 200 personnes ont arpenté le village de Vao et porté un message : assez des faits divers sur fond d'alcoolisation de la jeunesse kunié. Des membres de la communauté éducative, notamment, ont fait entendre leur ras-le-bol après les violences subies par un professeur du collège Saint-Joseph, lundi en fin de journée, en bord de route, par des gens alcoolisés. Sachant que le même soir, le secrétaire général de la mairie a lui aussi eu maille à partir avec des individus ivres.

Perturbations

En réaction à ce contexte, les personnels des trois établissements - tous gérés par l'enseignement catholique - ont dans leur grande majorité marqué un mouvement de grogne, ce vendredi. La maternelle, l'élémentaire et le collège n'ont pas été fermés, mais le personnel aussi bien enseignant qu'administratif a fait valoir son droit de retrait : pas d'accueil des élèves comme à l'ordinaire. La mairie s’est associée à la démarche en soutien au "SG". Pas de ramassage scolaire ni de cantine. Certains commerces ont décidé de garder rideau baissé en signe de solidarité. Et plusieurs habitants ont rejoint la marche quand le cortège est passé devant chez eux.

Cortège contre les incivilités et violences à Kunié ©Julien Douepere

"Pas à prendre à la légère"

“Beaucoup de familles quittent leur famille pour travailler sur notre île", a rappelé au micro Hélène Kedo, professeure de français. "Dans le domaine de la santé, de l’éducation et de l’administration. En faisant cette marche, nous voulons vous sensibiliser sur nos sentiments face à ces faits d’agression. Sentiments d’insécurité, de surprise, de frustration et même de peur."

Et de continuer : "Aussi, nous vous interpellons sur les différentes formes de violence que nous subissons tous, qui sont devenues fréquentes, ces derniers temps. Nos enfants sont peut-être témoins, ou peuvent être eux-mêmes victimes de ces violences. Il faut qu’ils sachent que cela n’est pas un sujet qu’il faut prendre à la légère. Que ce n’est pas normal, qu’ils ne sont pas seuls et qu’il faut en parler.”

Prise de parole contre la violence à Kunié ©Julien Douepere

"Créer un noyau de jeunes"

Après cette matinée à déambuler et à échanger, Julien Douepere se dit optimiste. "On est confiants parce qu'il y a même une maman qui a proposé de créer un noyau composé de jeunes de chaque tribu pour parler du mal-être que la jeunesse rencontre", relate ce prof de japonais au collège. "L'île est composée de huit tribus, donc trois-quatre jeunes par tribu et chaque jeune ira dans sa tribu pour discuter." 

Est-ce suffisant pour apaiser un climat délétère ? "Ça peut être un début, estime-t-il. Si ces problèmes sont arrivés, c'est parce que des jeunes ont ouvert des marchés noirs et se lancent dans des choses illégales pour s'en sortir parce qu'ils n'ont peut-être pas de solutions, pas d'aide... Le fait d'aller 'enquêter', on aura un fond pour pouvoir commencer à trouver des solutions."

Pour rappel, la vente d'alcool dans le commerce est interdite sur l'île des Pins.