Inquiétudes autour du 1080, un poison utilisé à la Rivière Bleue

Le 1080 inquiète. Le « fluoroacétate de sodium » est un poison utilisé depuis 2009 par le parc provincial de la Rivière Bleue dans le cadre de ses campagnes d’éradication contre les nuisibles. Mais certains agents s’inquiètent face à la toxicité de ce produit, interdit en Europe.
Deux fois par mois, une dizaine d’agents du parc manipulent le fluoroacétate de sodium. Le 1080 est un produit toxique, interdit en Europe, mais utilisé au sein du parc provincial pour lutter contre les nuisibles : cochons sauvages, chats et chiens errants. Le but est de protéger la population de cagous, menacée d’extinction. 
 

La chaîne alimentaire menacée ?

Or, depuis lundi dernier, certains agents, inquiets, ont décidé de ne plus participer à la pose de rodenticide. A l’instar de cet agent, qui s’exprime sous couvert d’anonymat. Il craint qu’il y ait un effet domino sur l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Si l’agent reconnaît l’efficacité de ce produit, la population de cagous ayant augmenté ces dernières années, il regrette en revanche le peu d’informations sur les risques sanitaires et environnementaux. 
Le fluoroacétate de sodium 
 

Des risques pour les autres espèces

De son côté, si l’association Ensemble pour la Planète souligne la nécessité de protéger les cagous, sa présidente Martine Cornaille, met toutefois en garde sur les risques pour les autres espèces.
EPLP qui précise qu’aucun antidote n’est prévu en cas d’accident. La possibilité d’utiliser ce poison avait été étudiée l’an dernier par le Parc des Grandes Fougères, mais vite abandonnée. EPLP et l’association des chasseurs de Farino avaient notamment émis des réserves sur le 1080.
 

Les précautions sont prises assure la direction 

32 kilos d’appât sont posés chaque année mais avec une quantité très faible de poison selon le directeur du parc de la Rivière Bleue
Jospeh Manauté, qui assure que toutes les précautions sont prises pour minimiser les risques pour les agents mais aussi pour la chaîne alimentaire. 
 

L’exemple de la Nouvelle-Zélande

En Nouvelle-Zélande aussi, il y a un oiseau incapable de voler et vulnérable, le kiwi. Il est menacé d’extinction, notamment du fait des prédateurs. On estime qu’un poussin a une chance sur 20 d’atteindre l’âge adulte. 
Et là bas aussi, on utilise le 1080, qui est selon le gouvernement le poison le plus sûr pour éradiquer les nuisibles
Les défenseurs de l’environnement, au contraire, accusent le produit de contaminer les réserves d’eau, de rendre malade les néo-zélandais et de tuer des animaux comme les cerfs ou des oiseaux (un parti politique a même été créé entre 2014 et 2018 pour cette cause, le Ban 1080 Party).
Des arguments balayés par le gouvernement qui considère le 1080 comme « la seule méthode qui puisse être déployée rapidement » pour gérer une invasion de nuisibles et qu'aucune trace du produit n'a jamais été détectée dans l'eau ou le sol.
Panneau mettant en garde contre le 1080 aux abords d'un lac en Nouvelle-Zélande.