Une dizaine de panneaux, deux maquettes, quelques documents d’époque. Le tout déployé au Musée maritime depuis le 13 août pour raconter UNE histoire passionnante : celle du France II, le plus grand voilier de commerce au monde. Ce cinq-mâts en acier de 142 mètres de long a été construit par les Chantiers et ateliers de la Gironde, pour la maison d’armateurs Prentout-Leblond et compagnie. Il quitte Bordeaux le 17 août 1913, sous le regard admiratif d’une foule immense.
Navire de transport
Pourtant, à l’époque, les navires à vapeur ont déjà supplanté les voiliers. Alain Le Breüs, président de l’association du Musée maritime, maîtrise le sujet : "A partir des années 1900, la vapeur a pris le pas sur la voile. Par contre, la voile restait intéressante pour transporter ce qui était pondérable, comme le nickel, parce qu’un bateau à vapeur consomme du charbon alors que les voiliers, les 'cap-horniers' dans le jargon de l’époque, étaient poussés par le vent. Il y avait beaucoup moins de frais même si la durée du voyage était longue."
La dernière épopée
L’aller prend 80 jours. Le retour, via le cap Horn, 110 environ. Entre 1913 et 1922, le France II fait huit grands voyages dont cinq en Nouvelle-Calédonie, pour y livrer du charbon et d’autres produits manufacturés ainsi que pour remplir ses cales de nickel. Le 4 juillet 1922, après un premier arrêt à Thio, le France II tente de rejoindre Pouembout pour compléter son chargement.
Dépourvu de moteur, le cinq-mâts est remorqué jusqu’à la passe de la Havannah par le Tayo, puis poursuit sa route à la voile. Hélas, dans la nuit du 12 juillet, sous une pluie battante, il se fracasse sur le récif de Téremba. En montrant un cliché noir et blanc de l’épave échoué sur le récif, Alain Le Breüs puise dans ses connaissances les éléments de cette grande histoire : « Jusqu’au début de la Seconde guerre mondiale, les Calédoniens allaient se promener sur ce bateau. C’était intéressant. C’était pas trop loin de la rive. On pouvait y aller en pétrolette.
Et puis, pendant la guerre, les pilotes américains, basés à Tontouta, pas loin, allaient s’entraîner à lancer des bombes, ou à mitrailler finalement le 'France II'.
Alain Le Breüs
Il ne reste donc plus grand-chose de ce qui fut le plus grand voilier du monde. Si ce n’est une maquette, construite de mémoire par Lucien Lefèvre, ancien second du France II ayant fait souche en Nouvelle-Calédonie, ainsi que quelques documents et objets. Ses restes, notamment ses deux ancres de 2,9 tonnes, gisent à jamais au large de Moindou.
Eclairage par Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry :