Message sur le portable de Julie*, ce mardi matin. Sa fille lui demande de prévenir le lycée polyvalent du Mont-Dore qu'elle ne pourra pas assister à la dernière heure de cours. En terminale, elle fait partie des élèves qui habitent la partie Sud, isolée si la circulation n'est pas possible de façon sécurisée sur la route provinciale. Et l'adolescente craint de rater la navette maritime qui la ramènera de Port-Boulari.
Au wharf à 5h50
Elle prenait auparavant le bus Tanéo. Vu le contexte, la jeune fille a effectué les trajets en taxi boat affrété par la province Sud. Après sa prérentrée, vendredi dernier, l'enseignement en présentiel a repris ce lundi, avec des journées raccourcies de 8 heures à 15h15. "Je l'ai déposée au wharf vers six heures moins dix", relate sa maman. "On me dit que c'est trop tard. Mais je ne vais pas la faire lever à 4 heures du matin !" C'est même vers 3 heures que les premiers usagers se positionnent à l'embarcadère.
Plus de temps de trajet que de cours
Comme chaque jour, malgré tous les efforts déployés par les collectivités, l'attente a été très longue. Des enseignants, agents et élèves du lycée sont arrivés en retard. Trois heures et demie le matin, une heure et demie l'après-midi : la fille de Julie* a eu cinq heures de trajet pour deux fois moins de temps passé en cours, si l'on enlève la pause déjeuner et une heure d'étude. Avec la perspective du bac en contrôle continu, elle avait l'intention de persévérer dans cette gymnastique quotidienne.
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Réaction de Citoyen mondorien
Entre-temps, les autorités ont estimé, ce mardi, que la RP1 était dégagée et accessible. Est-ce que cela va durer ? Les prochains jours le diront. En attendant, l'Association citoyen mondorien s'est inquiétée, lundi, que des élèves et des personnels résidant côté Sud soient "notés absents". ACM a annoncé avoir écrit au vice-rectorat.
"Un élève ne sera pas sanctionné pour ça"
Interrogé par NC la 1ère, le proviseur a répondu. "Bien évidemment qu'un élève qui ne peut pas venir ne sera pas sanctionné pour ça", a souhaité rassurer Maxime Jeandel. "Tous les jours, chaque professeur doit enregistrer qui il a et n'a pas dans sa classe. Si un élève n'est pas là, c'est qu'il est absent… Pour autant, ce n'est pas une absence qu'on va reprocher."
Et d'insister - avant l'annonce de déblocage sur la route provinciale : "On comprend bien toutes les difficultés qu'ont les élèves à venir au lycée du Mont-Dore. En particulier du Mont-Dore Sud, mais pas seulement : il n'y a pas de bus, la RP1 (…) dessert le Mont-Dore Sud mais aussi Yaté, notre établissement n'est pas seulement un établissement de secteur mais aussi un lycée de pays et on recrute sur l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie…" En résumé, "toutes les difficultés qu'on rencontre touchent beaucoup d'élèves".
Effectifs présents à 45 %
Par conséquent, assure Maxime Jeandel, "on est dans le dialogue et la communication. Dès lors qu'un parent nous appelle pour expliquer qu'un enfant est bloqué, par exemple dans le Mont-Dore Sud, c'est quelque chose qu'on enregistre. On adapte, aussi. Des parents nous préviennent qu'un enfant, parce qu'il doit prendre la navette maritime, devra partir plus tôt. Dès lors qu'on a un petit mot, un mail ou autre, qui permet d'attester de cette autorisation, on laisse l'élève partir prendre sa navette."
Son interview diffusée au journal de midi
Lundi, le lycée a reçu 37 % de ses élèves. Ce mardi matin, 45 %. "On est plutôt contents. Ça reste faible, mais c'est un beau taux de fréquentation au regard de toutes les difficultés de transport". Sans oublier l'internat fermé.
* Prénom d'emprunt par souci d'anonymat