Le haut-commissaire à propos des caillassages à Saint-Louis : "Je ne peux pas laisser dire que l’Etat ne fait rien"

Le haut-commissaire réagissait mercredi 6 juillet aux caillassages du 3 et aux protestations qui ont suivi.
La lutte contre les caillassages dans la traversée de Saint-Louis, un sujet de division. Le haut-commissaire n’apprécie pas d’entendre parler d’une inaction de l'Etat en la matière, comme ça a été à nouveau le cas après l’épisode de violence subi dimanche dernier par de nombreux automobilistes mondoriens. Réaction de Patrice Faure.

Au Mont-Dore, dans un contexte déjà tendu par différents incidents récents, le dimanche 3 juillet s’est illustré par une série de caillassages dans la traversée de Saint-Louis. Des agressions à répétition attribués à une demi-douzaine de personnes, qui ont joué au chat et à la souris avec les autorités. Des automobilistes ont reçu des cailloux par des hommes qui venaient au contact, à hauteur du conducteur ou en sautant sur le capot.

Longue liste d'exactions

Vu ce nouvel épisode de grabuge sur la RP1, plusieurs voix se sont faites entendre pour dénoncer la situation. Et à la mairie, les chefs de service dressaient lundi une impressionnante liste d'exactions commises sur la RP1 depuis mi-mars : une vingtaine de véhicules incendiés, treize bus caillassés, dix agressions sur la police et les pompiers, trente voitures volées. Le maire de la ville, Eddie Lecourieux, en appelle à l'Etat et au président de la République.

Reportage télé de Laurence Pourtau et Christian Favennec, diffusé lundi 4 juillet :

©nouvellecaledonie

"Sortie de jeunes incarcérés"

Des propos qui ont fini par faire réagir le haut-commissaire. "Je ne peux pas dire que le maire du Mont-Dore a tort de constater qu’il y a un pic d’activité au sein de la tribu de Saint-Louis. J’entends bien qu’il y ait des personnels de la mairie du Mont-Dore qui aient été caillassés, la population qui ait été caillassée, des pompiers", commence Patrice Faure. "Mais je dois dire aussi qu’il y a beaucoup de gendarmes qui ont été caillassés et qui sont caillassés quasiment tous les soirs. Il y a une recrudescence, confirme-t-il, qui coïncide avec une sortie un peu massive de jeunes qui avaient été incarcérés au Camp-Est, et donc les bandes se reconstituent."

Interpellations de "cibles"

Et d’insister : "Ce [mercredi] matin, nous avons fait une grosse opération avec le GIGN. Nous avions cinq cibles, nous en avons attrapées trois." On apprenait plus tard dans la journée l’interpellation d’un quatrième individu. "J’entends dire aussi que l’Etat ne fait rien, je ne peux pas le laisser dire. Ce n’est pas uniquement la nuit que les caillassages se font. Quand nous sommes là, il n’y en a plus. Dès que nous partons, à nouveau, il peut y avoir des caillassages notamment le matin."

"C’est pour ça que le dispositif va s’inscrire dans la durée, dans un premier temps", assure le haussaire. "Dans un deuxième temps, vous verrez passer l’hélicoptère, qui passera y compris la nuit, pour surveiller le Mont-Dore et les abords de la RP et d’autres points. Il y a d’autres dispositifs qui seront mis en place ou qui sont déjà mis en place depuis quelques temps. Dont je ne peux pas parler parce que sinon, j’en baisserai l’efficacité."

"650 millions" dédiés

Avec cette mise en perspective : "Les problèmes de Saint-Louis ne datent pas d’hier, ni d’avant-hier, ni d’il y a un an, ni d’il y a dix ans. C’est bien au-delà", rappelle Patrice Faure. "Entre 2017 et 2022, c’est un milliard de francs qui [a] été attribué à la mairie du Mont-Dore, dont plus de 650 millions de francs qui ont été à destination de la tribu de Saint-Louis. On voit bien que l’argent ne fait pas le bonheur. En tout cas, ça n’a pas suffi."

Voyez cette interview faite par Martin Charmasson et Christian Favennec :