La lutte contre l'incendie désastreux du Mont-Dore se poursuit

Le détachement d'intervention héliportée sur site, le 3 décembre.
Situation toujours critique mardi après-midi, au Mont-Dore. L’incendie en cours depuis samedi a ravagé 2 200 hectares de végétation. Reportage avec le détachement d'intervention héliporté sur une ligne de crête. Nouvelle «mise à feu». La province Sud et le gouvernement vont porter plainte.
[MISE A JOUR DE 19 HEURES]

A 17h30 mardi, le bilan provisoire était toujours de 2200 hectares brûlés par l'énorme incendie du Mont-Dore. Avec une nouvelle «mise à feu volontaire» ! Elle a eu lieu dans l'après-midi, sur le secteur de La Coulée. Cette reprise a été maîtrisée, signale la DSCGR.
 

Reportage avec le détachement d'intervention héliportée

Retour sur le fil de la journée. Des kilomètres de cendres, plusieurs nuages de fumée et une végétation extrêmement sèche qui se consume toujours : c’est le paysage dans lequel ont évolué dix-huit pompiers transportés ce mardi matin sur une ligne de crête, à la limite de la réserve naturelle intégrale de la montagne des Sources, et à la frontière entre le Mont-Dore et Dumbéa.
Sheïma Riahi se trouvait avec eux, son récit:

Reportage avec un détachement héliporté sur le feu du Mont-Dore

 

Conditions éprouvantes

Ici, sur le flanc gauche du feu, il fallait agir vite pour éviter la propagation de l'incendie qui a déjà brûlé au Mont-Dore deux mille hectares depuis samedi après-midi. Plusieurs points chauds à traiter en urgence pour les pompiers mobilisés sur ce site stratégique. Les conditions étaient éprouvantes, pour ces hommes et ces femmes constitués en DIH, «détachement d’intervention héliportée». Une unité spécialisée dans la lutte contre les feux inaccessibles.
 

Barrière de tuyaux

Leur mission a été de créer une barrière de tuyaux pour noyer la zone. La logistique est importante. A la mi-journée, 250 mètres de tuyaux avaient été tirés, dans une zone très escarpée. L'unité était appuyée par deux hélicoptères bombardiers d'eau. Dès 6 heures ce matin, les largages de tonnes d'eau se sont enchaînés.
En images, par Sheïma Riahi :  

Un Puma de l'armée en renfort

Un Puma de l'armée de l'air est également intervenu en renfort, pour acheminer les personnels et le matériel. Un dispositif conséquent pour un incendie hors normes. Et en ce quatrième jour d'intervention, qui s'annonce loin d'être le dernier, les opérations restaient compliquées sur le terrain.
Images d'une reconnaissance aérienne, par Sheïma Riahi :  

Reprise de feu

«Le flanc droit présente une importante reprise de feu et plusieurs habitations ont été mises en sécurité», relatait la DSCGR dans son point de situation de 10h30. A noter que cette nuit, des maisons situées vers le début du quartier Schohn ont eu chaud, des flammes descendant très bas de la montagne. Les habitants se sont réveillés dans la fumée.  
Rue des Sources le matin du 4 décembre, ça brûle un peu plus haut.
  

Sous les quatre hélicos, 65 intervenants

Mardi, 65 intervenants mobilisés sur ce feu : pompiers de la sécurité civile, pompiers du Mont-Dore, pompiers en renfort des centres de secours de Dumbéa, Nouméa et Païta, ou agents du parc de la rivière Bleue. Des moyens qui ont dû faire face lundi après-midi à un violent retour de flammes... provoqué volontairement. Et à l'origine de ce désastre, on trouve, selon l'enquête en cours, un barbecue non maîtrisé au bord de la rivière.
 
 

Plainte pour incendie par imprudence

Le gouvernement et la province Sud ont décidé de déposer chacun une plainte contre X auprès du procureur de la République, pour incendie par imprudence. Les deux institutions l'annoncent dans un communiqué conjoint : «Dorénavant, tout incendie qui se déroulera sur des terres ou des biens appartenant à la Nouvelle-Calédonie ou à la province Sud fera systématiquement l'objet d'un dépôt de plainte».

La province Sud et le gouvernement porteront plainte pour le feu du Mont-Dore by Françoise Tromeur on Scribd

 
Un Puma engagé contre le feu du Mont-Dore.
 

«Année la plus destructrice depuis 2001»

Quatorze communes calédoniennes ont été concernées par des feux, en ces trois premiers jours de décembre. Selon le bilan provisoire dressé par l’Observatoire de l’environnement, 2019 est qualifiée d’«année la plus destructrice depuis 2001 pour la Nouvelle-Calédonie». Les chiffres sont en effet affolants : depuis le 1er janvier, le suivi satellitaire de l’Œil fait état de 593 incendies et 37 000 hectares de végétation brûlés, dont 30 000 sur les trois derniers mois. A la date du 2 décembre, Kouaoua détenait le triste record de l’année, avec 8 200 hectares brûlés, suivis par les 5 600 hectares de Ouégoa
 
Passage du Tour cycliste le long d'un feu à Ouégoa.
 

L'appel à responsabilité de l'UPC

Invité de la matinale radio, le président de l’UPC - Union des sapeurs-pompiers de Nouvelle-Calédonie - interpellait les pouvoirs publics à tous les niveaux de responsabilités. 
Ecoutez l'entretien de Rémi Gallina avec Anne-Claire Lévêque.
 

Conséquence sur l'air que nous respirons

Et avec les feux, viennent les fumées et leur cortège de désagréments. Mais pour l’heure, aucune alerte n’a été émise sur la qualité de l’air : 

Dans la cendre, une plante micro-endémique

Un autre genre de conséquence... Il y a trois ans, Gildas Gâteblé découvrait un arbuste micro-endémique dans la vallée de la Oumbéa, affluent de la Coulée. Ce mardi matin, le botaniste de l'Institut agronomique calédonien et le WWF ont retrouvé les plants de Pinchonia munzingeri… brûlés. Un triste récit relaté par l’antenne du World Wild fund. 

Le dispositif reconduit ce mercredi

La sécurité civile va reconduire à l’identique le dispositif opérationnel mercredi. Des reconnaissances auront lieu dès la première heure. Un détachement d’intervention héliportée pourrait être projeté sur le flanc droit ou sur l’arrière de l’incendie.
 

Action efficace en tête du feu

«Les actions mises en œuvre […] ont été efficaces en tête du feu», résumait la sécurité civile en fin de journée. «Il reste toutefois des points chauds en cours de traitement par un hélicoptère bombardier d'eau.»  Concernant le feu en bord de route le long de La Coulée, il «est sous le contrôle de l'unité d'intervention feu de forêt de la DSCGR et sa propagation en phase ascendante vers l'Est de La Coulée est stoppée».
 

Le feu dans la forêt Desmazures

Mais «en revanche, l'incendie qui se dirigeait hier vers la forêt Desmazures demeure inaccessible par voie terrestre et a désormais pénétré la zone de forêt dense».
Découvrez ci-dessous le dernier point de la sécurité civile : 

Communiqué n°6 - Feu de végétation commune de MONT-DORE du 03122019 by Françoise Tromeur on Scribd