Quand une intervention des pompiers les mène aussi à l'hôpital

Des pompiers posent avec un brassard blanc arboré par solidarité.
L'agression durant laquelle des pompiers venus porter secours ont été à leur tour frappés, dimanche à La Coulée, n'est pas restée sans suite. Alors qu'une réunion de crise s'est tenue ce lundi en mairie du Mont-Dore, les collègues ont arboré un brassard de solidarité à travers la Nouvelle-Calédonie.
C’est dans la paisible rue du pic Kou que des pompiers ont craint pour leur vie, ce week-end. Une petite voie qui serpente au Mont-Dore dans le quartier de La Coulée, au-dessus de la rivière et de la route provinciale. Sauvagement agressé par un homme alcoolisé, dimanche au petit matin, alors que deux blessés gisaient, un chef d’agrès a terminé sa mission de secours avec une mâchoire fracturée et un traumatisme crânien. A la clé, huit jours d’ITT. 
 

«En reconnaissance»

«Il était venu en reconnaissance», relate Jean-Louis Marlier, chef de corps de la caserne mondorienne. «En arrivant sur les lieux, il s’aperçoit qu’il s’agit d’une rixe. Par conscience professionnelle, il préfère quand même s’enquérir de la santé des deux personnes qui étaient à terre. En faisant le bilan, il a pris un coup au visage et il est tombé.» 
 

Psychologue

Au centre de secours de La Coulée, les collègues accusent le coup. «Psychologiquement, ils sont très touchés, souligne l’adjudant-chef Marlier. On a pu avoir la psychologue de la sécurité civile.» L’équipière prise également pour cible a été reçue. «La psy va prendre contact avec le chef d’agrès qui, lui, est à son domicile.» 
 

En solidarité

Au lendemain de cette agression, dont l’auteur a été interpellé, des pompiers de toute la Calédonie affichaient leur solidarité en arborant un brassard blanc. Pour preuve, cet album sur la page Facebook de l’UPC, l’Union des pompiers calédoniens. 

Beaucoup d'agressions verbales

Et au Mont-Dore, le chef de corps composait avec un climat général d’appréhension. Même si ces violences restent marginales. «Agressions verbales, on en a beaucoup, analyse Jean-Louis Marlier. Les gens, dans la panique, ne se rendent peut-être pas compte mais ils agressent beaucoup les pompiers. Après, des agressions physiques, on n’en a pas eues énormément. Mais en métropole, on voit que ça arrive de plus en plus souvent et on peut craindre que ça arrive aussi de plus en plus souvent chez nous.»
 

Protocoles

Face à cet incident qu’elle a dénoncé, la municipalité du Mont-Dore envisage de nouveaux protocoles pour mieux protéger sa soixantaine de pompiers. Lundi après-midi, la gendarmerie, les représentants du centre de secours, la police municipale ou encore le maire étaient réunis en cellule de crise à l’hôtel de ville de Boulari. 
 

Le facteur alcool

En cas d’attroupement, Eddie Lecourieux évoque ainsi la possibilité de demander aux familles qu’elles amènent elles-mêmes les personnes blessées au médipôle. Ou que les secours interviennent avec un encadrement «très étoffé» des gendarmes. «Souvent, alcool, police, gendarmes et pompiers, ça ne va pas de pair», ajoute toutefois le maire. Et ce risque reste difficile à anticiper. En octobre 2019, un autre pompier mondorien en intervention avait été agressé, par un habitant armé d’une hache. 

Le reportage de Lorelei Aubry et Kaio Tui : 
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