Une route toujours impraticable. Le dispositif de sécurité qui empêche les véhicules de traverser la tribu de Saint-Louis, au Mont-Dore, est toujours en place. Conséquence : le sud du Mont-Dore et Yaté sont coupés du reste du territoire. Une situation que subissent aussi, les habitants de Saint-Louis.
"On a eu trois coupures de courant"
Originaire de la tribu, Claude* (prénom d'emprunt) a été bloqué avec sa famille dès les premiers jours des violences, le 13 mai. Avec, sur la durée, son lot de difficultés. “On a eu trois coupures de courant. C’était compliqué. Heureusement qu’on avait un peu de stock d’essence à la maison, parce qu’on a des bateaux. Les autres personnes de la tribu, je ne sais pas comment ils ont fait pour tout ce qui est nourriture dans le congélateur”, révèle l’habitant de la tribu.
Pour autant, Claude assure s’être toujours senti en sécurité dans sa maison. “Pendant une semaine, je suis resté à la maison sans sortir. Après, on était obligé de sortir pour aller faire quelques courses mais ça allait. Mais là, aujourd’hui, c’est plus compliqué de sortir de la tribu qu’au début”, poursuit l’habitant.
"La route est barrée sur les deux côtés de Saint Louis"
Face aux difficultés à sécuriser la route devant la tribu, les gendarmes ont installé le dispositif de “verrou”, sur la RP1, toujours en place. “On est barrés sur les deux côtés de Saint Louis, côté Sud et côté Nord. On est contrôlés aux entrées et sorties. Il faut fournir nos papiers, ils fouillent nos poches et nos sacs. On n’a pas le droit de sortir avec nos véhicules et le transport de gaz et d’essence dans la tribu est interdit”, explique le jeune homme.
S’il admet le besoin de sécurisation de la route, Claude trouve ce dispositif excessif. “Ils sont là pour faire leur travail, mais ce qu’on ressent, c’est qu’ils embêtent les gens. Il y en a qui sont malades dans la tribu, pour sortir les vieux c’est compliqué. Il faut les faire descendre des voitures et traverser à pied la tribu. C’est compliqué”.
"Je me fais récupérer de l'autre côté de la route par mon entreprise"
Une situation qui pousse les habitants de Saint-Louis à s’adapter, notamment pour pouvoir aller au travail. “Je laisse ma voiture sur la ligne droite de Saint-Louis toute la journée. Ensuite, je traverse les barrages à pied et je me fait récupérer de l’autre côté de la route par mon entreprise”, détaille Claude.
Une organisation complexe, qui l'a poussé à quitter sa maison de Saint-Louis, il y a quinze jours. Parce que c’est plus pratique pour aller au travail et emmener les enfants à l’école, mais pas seulement. “C’est surtout pour la sécurité. On ne sait jamais si on descend de la voiture, qu’on passe les barrages et qu’il y a un affrontement entre les forces de l’ordre et les jeunes devant nous, on se prend une balle”, poursuit l'habitant de la tribu.
Pour pouvoir louer un logement hors de la tribu, il a dû négocier la suspension de ses crédits pour six mois. Même s’il espère pouvoir rentrer chez lui avant. “On ne sait pas où on va. Et on ne sait pas si ça va aller. En tout cas tout ce qu’on souhaite, c’est que le calme revienne”, révèle l’habitant de Saint-Louis.
La levée du “verrou” de Saint-Louis est d’ailleurs désormais, une revendication de la CCAT.