Klaxons et défilé de drapeaux indépendantistes, dans la partie Sud du Mont-Dore. En ce 13 août, à la mi-journée, une centaine de personnes, hommes, femmes et enfants, ont formé un cortège. Après être passés dans les quartiers, ces manifestants originaires à la fois de Yaté et du Mont-Dore se sont regroupés au piquet de la CCAT, désormais installé au pied du mont Goumba, entre le centre commercial de La Coulée et le lotissement Les Jardins de Belep.
De là, ils se sont rendus à pied, suivis de voitures, jusqu’au "verrou Sud" et se sont installés devant ce point de contrôle situé au bord de la rivière. La manifestation se voulait pacifique, devant les gendarmes filtrant l’accès à la traversée de Saint-Louis. Durant environ trois heures et demi, les prises de parole se sont succédées sur place. Julien Homou, membre de la CCAT Yaté, ne tolère pas le verrou mis en place à Saint-Louis. "Vous pouvez nous mettre tous les moyens que vous voulez, on sera debout quand même. On sera là jusqu'à l'indépendance de Kanaky", a dit Joe Atinoua, lui aussi membre de la CCAT de Yaté.
Une référence au 13 mai
La mobilisation suivait l'appel de la Cellule de coordination des actions de terrain, d'organiser des actions chaque 13 du mois, en référence au 13 mai 2024, date considérée comme le "début du soulèvement". "La mobilisation d’aujourd’hui découle de l’assemblée générale de la CCAT à Bayes", a résumé Joe Atinoua.
"Il faut qu’on mène notre pression sur le terrain et les 13 de chaque mois font partie des mobilisations qu’on va mener tout au long de notre combat, en plus de la présence sur le bord de la route et dans les ronds-points en n’importe quel endroit du pays", a-t-il conclu.
A l'issue de la manifestation, vers 15h30, des doléances ont été présentées aux gendarmes, considérés comme représentants de l'Etat. Les personnes mobilisées se sont ensuite dispersées dans le calme, malgré la présence d'un tronc d'arbre incendié en bord de rivière.
Affrontements à Poya
D’autres mobilisations ont eu lieu dans le nord, notamment à basse Poya, où les choses se sont rapidement compliquées aux alentours de midi. Les forces de l'ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes pour repousser les manifestants. Ils étaient d'un côté du pont quand les gendarmes étaient de l'autre et aucun véhicule ne pouvait circuler vers le village.
Alik fait la route chaque semaine pour monter jusqu'à Koné récupérer sa marchandise avant de la redescendre vers Nouméa. "Là, c'est la première fois depuis un mois que les exactions reprennent donc ça fait flipper un peu quand même" raconte-t-il. "Ça a été quand même violent, les forces de l'ordre n'ont pas réussi à gérer la situation et elles se sont même repliées. Ils étaient beaucoup de l'autre côté."
Ils n'auraient pas dû venir, ils savent très bien que Poya c'est un endroit qui est quand même un peu risqué donc ils auraient dû laisser les choses comme ça et ne pas intervenir.
Alik, automobiliste
Il y a quelques semaines, des affrontements avaient déjà eu lieu au même endroit, au niveau de l'intersection entre la route et les tribus.