"Le briefing, c'est pas un centimètre de peau en contact direct avec l'eau. Donc protection maximale, surtout au niveau du visage et du masque." Des recommandations indispensables avant la chasse à la cuboméduse.
Il y un mois, des usagers du lagon ont observé cet animal redoutable – plusieurs ont même été piqués. Selon toute probabilité, il s’agirait d’Alatina alata, une espèce connue… mais pour en avoir la certitude ces plongeurs font cap sur la passe de Boulari.
Dans la zone épipélagique pour se reproduire
"Ces cuboméduses, elles vivent dans les grands fonds. On ne sait pas exactement où, puisqu'on les connaît à peine, avoue le docteur Claude Maillaud, plongeur et spécialiste de la faune marine. Tout ce qu'on sait, c'est qu'elles remontent à la surface toutes les quatre semaines -à peu près-, pour se reproduire. C'est là qu'on est en contact avec elles."
Avant de traquer la bête, chaque plongeur vérifie scrupuleusement sa tenue et celle de son binôme. Aucune partie du corps ne doit entrer en contact avec l’animal, car si le venin de cette espèce locale n’est pas mortel, il est extrêmement violent et incapacitant. "C'est des douleurs diffuses, abdominales, des vomissements éventuellement, une grande fatigue, décrit Emmanuel Rousseau, plongeur. Donc c'est pas très agréable..."
Des tests ADN à l'IRD
Des requins, des dauphins mais pas de cuboméduse. Après deux plongées à l’extérieur et l’intérieur de la passe, les plongeurs tentent leur chance aux abords de l’épave de l’Ever Prosperity. Hélas, après huit heures de recherches et sept plongées, dont six en dehors du lagon, les plongeurs rentrent bredouilles.
Les plongeurs attendront donc la prochaine saison des amours pour espérer capturer des méduses et les livrer aux chercheurs de l’IRD en vue de tests ADN. Objectif : déterminer s’il s’agit bien d’Alatina alata ou d’une espèce endémique. "L'essentiel de ce qu'il faut savoir, on le sait déjà. Mais ça nous intéresserait de savoir si on peut s'approprier tout ce qu'on sait sur telle ou telle espèce, et l'appliquer à celle qui fréquente nos eaux, précise Claude Maillaud." Depuis 2018, on recense deux observations ou envenimations par an en Nouvelle-Calédonie.