"Préservation et réaménagement de l'Anse-Vata". L'intitulé choisi par la mairie pour communiquer sur le sujet donne le ton, alors que les opposants au projet craignent de perdre leur baie si appréciée. Vendredi 25 février, la municipalité a pris la parole pour présenter (et défendre) ce chantier de grande ampleur. Leitmotiv ? "Ce projet, dont les travaux débutent mi-mars 2022, est obligatoire et urgent pour préserver ce joyau de Nouméa contre le phénomène d’érosion et la montée du niveau de la mer", plaide le document de présentation distribué aux médias.
On résume les arguments de la mairie en quelques chiffres.
Je ne jette la pierre à personne mais quelquefois, on réagit un peu vite, sans avoir une vraie connaissance du projet.
Sonia Lagarde, maire de Nouméa
28 ans de sursis
Les études menées par le cabinet métropolitain Artelia, révèle la mairie de Nouméa, prévoient, si rien n'est fait, la disparition totale de la plage et d’une partie des voies de circulation en 2050.
Le reportage de Barnard Lassauce, Christian Favennec et Claude Lindor :
Jusqu'à dix mètres en moins
Le trait de côte a reculé de sept à dix mètres, après le passage de la dépression Lucas en février 2021. La baie de l’Anse-Vata subit les effets des phénomènes météo. L’érosion atteint quant à elle 0,5 mètre par an dans le secteur Est de la baie, et 0,2 mètre dans le secteur Ouest. Des résultats qui ont poussé la mairie à agir, est-il expliqué.
2,2 milliards de francs
Montant estimé de ce chantier colossal : 2,2 milliards CFP. "La première grande intention est de protéger le trait de côte", détaille Philippe Jusiak, secrétaire général adjoint de la mairie de Nouméa. "Avec un ouvrage de confortement du trait de côte et des ouvrages en mer qui vont venir dans un deuxième temps, qui sont encore à l'étude". Le confortement et le réaménagement de la promenade, c'est 1,8 milliard. Les récifs artificiels "brise houle", c'est 400 millions de plus. Avec un financement réparti entre la mairie (743 millions), l'Etat, (654 millions), la province Sud (305 millions) et l'Agence française de développement concernant des études à hauteur de dix millions.
De 229 à 410 arbres
La perspective de voir des arbres abattus est notamment dénoncée par les opposants qui ont fait entendre leur voix contre ce projet. Réponse du secrétaire général adjoint : "Avec tous les coups de boutoir qu'on a pris, il n'y a plus que 229 arbres sur le littoral. On transplante au maximum tous les arbres qui sont condamnés", poursuit-il en évoquant par exemple "les cocotiers, arrivés en 2006", à la faveur d'un précédent projet de réaménagement qui a aussi vu la mise en place des talus végétalisés. "On complète avec des arbres de bord de mer qui étaient très peu présents. On passe à un bilan de 410 arbres", achève Philippe Jusiak. Et 1 500 mètres carrés de pelouse.
840 mètres d'ouvrage de confortement
Pour consolider la baie, il est prévu de créer un ouvrage de confortement long de 840 mètres, qui commencera à hauteur de l'aquarium pour aller jusqu'à l'arroyo de Val-Plaisance. Mais aussi d'installer en mer trois récifs artificiels brise-houle d’une longueur de 100 mètres chacun. Leur mission, casser la force des vagues qui atteignent le front de mer dans la partie la plus exposée et diminuer l'érosion de la plage.
Deux voies au lieu de quatre
A terre, la circulation sera réduite de quatre à deux voies, avec un recul des 340 places de parking, mais sans changement dans le nombre de places. "C'est vrai qu'on supprime deux voies sur l'Anse-Vata mais ça sera apaisé parce que quelquefois, c'est un champ de course, on a déjà eu beaucoup accidents", souligne Sonia Lagarde. "Les voitures seront garées côté terre et on fait beaucoup de place parce qu'on va replanter les cocotiers, on a transplanté quatre banians, on en a trois autres à transplanter qui sont sur une autre zone..."
Un espace dédié à la présence américaine
La présentation révèle ce qu'il va advenir de l'ancienne polyclinique : elle va être remplacée par une esplanade de loisirs. Avec un espace mémoriel dédié à la présence américaine puisque telle était l'origine du bâtiment, des "aires de repos et de convivialité familiale", des terrains de pétanque, un marché artisanal ou encore "du snacking". Les loueurs de matériel de glisse doivent avoir, de leur côté, leur espace dédié pour mettre leurs camions, proche de la plage. C'est une des craintes exprimées par les protestataires.
Ce projet fait la part belle à toutes les formes de loisirs qu'on pourra avoir demain sur une grande esplanade. Il répond à tout ce qui est terrestre, en termes de loisirs, mais aussi nautique avec les planches à voile, etc.
Sonia Lagarde, maire de Nouméa
Deux ans de chantier
Si les travaux doivent commencer à la mi-mars 2022, la livraison du chantier est prévue début 2024. En termes de calendrier, ça donne ceci:
- premier trimestre 2022, début des travaux terrestres;
- deuxième trimestre 2022, modélisation en bassin des récifs brise-houle;
- du troisième trimestre 2022 au premier trimestre 2023, l'instruction réglementaire et l'enquête publique préalable à la pose des récifs;
- au deuxième trimestre 2023, début des travaux en mer;
- au premier trimestre 2024, la livraison.
La mairie de Nouméa explique le réaménagement de l'Anse-Vata, reportage d'Alix Madec