Camp-Est : les avocats dénoncent la situation et proposent des solutions

Une trentaine de personnes se sont mobilisées de façon symbolique devant le TPI de Nouméa, le vendredi 2 décembre.
Ils profitent de la venue du ministre de l’intérieur pour faire passer un message à l’Etat. Une vingtaine d’avocats du barreau de Nouméa se sont réunis pendant une demi-heure sur les marches du Palais de justice de Nouvelle-Calédonie. Leur demande : une étude approfondie sur la population carcérale et plus de moyens humains pour la prévention.

Depuis plus de quinze ans, ils dénoncent les conditions indignes de détention au Camp-Est. Les avocats du barreau de Nouméa rappellent la cruelle réalité : 200 cellules, 530 prisonniers. Des surfaces réduites sur-occupées. En maison d’arrêt, on compte 4 détenus dans un espace de 9 m2.

"A partir du moment où vous avez moins de 3m2 pas détenu, on est dans des conditions qui sont présumées inhumaines. L’intégralité de la maison d’arrêt est dans ce cas là", déclare Frédéric de Greslan, bâtonnier de l'ordre des avocats, avant de proposer " à court terme de privilégier les mesures d’aménagement, c’est-à-dire qu'on puisse effectuer autant que possible sa peine avec le régime du bracelet." 

Il est essentiel qu’aujourd’hui, la population carcérale qui est simplement enfermée soit formée, qu’on essaie de faire en sorte que les détenus sortent meilleurs que quand ils sont rentrés alors qu’aujourd’hui, c’est précisément l’inverse.

Frédéric de Greslan, bâtonnier de l'ordre des avocats

Correspondante de l’Observatoire international des prisons en Nouvelle-Calédonie, Marie-Katell Kaigre synthétise les demandes faites aujourd’hui à l’Etat par les avocats du barreau de Nouméa :"Ce serait tout d’abord de réaliser une étude sociologique et criminologique pour connaître la population du camp Est et pouvoir faire des propositions de réinsertion."

 

Action des avocats pour sensibiliser aux conditions de détention au Camp-Est, le vendredi 2 décembre, à Nouméa.

Mais pas seulement, elle insiste sur le recrutement.

Ensuite, il nous faut recruter d’avantage de personnel au sein du Spip, des conseillers d’insertion, des psychologues et des addictologues et augmenter tout ce qui est stage de prévention de la violence et notamment intra familiale, on sait que c’est un gros problème en Calédonie, et tout ce qui est problème d’addiction.

Marie-Katell Kaigre, correspondante de l'Observatoire international des prisons

A plus long terme, Maître Denis Milliard propose la création d’un centre pénitentiaire particulier pouvant accueillir 150 à 200 détenus du Camp-Est. Il soumet l’idée d’une mission du Congrès de la Nouvelle-Calédonie dans l’un des deux sites existants en France :

Une nouvelle prison, ça coutera très très cher. Il y a une solution intermédiaire, c’est de créer dans ce pays agricole, avec une jeunesse mélanésienne très attachée à la terre et à la culture, la troisième prison agricole de France en Nouvelle-Calédonie, quelque part sur la côte Ouest.

Maître Denis Milliard, avocat

"Dans une prison agricole, on ne fait pas seulement d’agriculture, on fait de la mécanique, on fait de la menuiserie, on fait un tas de chose", ajoute-t-il. Les avocats invitent le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à visiter le temps de quelques heures ce Camp-Est où, selon Maitre Milliard, "des détenus vivent dans moins d’espace que des chiens à la fourrière"