Attaques de requins : "Se baigner près du rivage ne protège pas"

Claude Maillaud spécialiste de la faune marine dangereuse ©NC la1ère
Alors qu'une baigneuse a été gravement blessée par un squale, ce dimanche à la plage du Château-royal à Nouméa, un spécialiste évoque les facteurs qui favorisent les attaques de requins et les précautions à prendre.

Depuis ce dimanche, les baignades sont interdites sur toutes les plages de la capitale ainsi que sur les îlots lui faisant face. Décision prise par la municipalité après l'attaque d'un requin bouledogue sur une baigneuse de 49 ans. La victime, dont les jours ne sont plus en danger, faisait des longueurs tout près du rivage. 

Un accident rare à quelques brasses de la plage  

S'il est très rare qu'en Nouvelle-Calédonie, des squales attaquent des baigneurs à quelques mètres seulement du rivage, cet évènement dramatique ne surprend pas Claude Maillaud qui relativise.  Selon le médecin, spécialiste de la faune marine dangereuse d'Océanie, "au niveau mondial, les attaques de baigneurs se produisent dans très peu d'eau et très près du rivage. Donc le fait de se baigner près du rivage ne protège pas." De plus, ajoute-t-il "nous savons, de par les marquages qui ont été faits, qu'un certain nombre de requins patrouillent le long des plages de Nouméa.

Les récentes pluies, un facteur d'attraction des requins 

Les motivations d'une attaque de requin sont toujours difficiles à établir pour les experts qui évoquent le plus souvent la prédation, la défense du territoire, ou l'appropriation d'une capture lorsque la victime du squale est un chasseur sous-marin. Selon Claude Maillaud, spécialiste de la faune marine dangereuse d'Océanie, pour comprendre les raisons de l'attaque survenue ce dimanche à Nouméa, "il faudrait connaître la turbidité de l'eau notamment liées aux récentes précipitations qui, charriées vers la mer, avec des substances organiques, auraient été susceptibles d'attirer des requins en particulier des grands requins opportunistes aux abords des côtes". 

Des possibilités de "barrières" pour établir des zones de baignades protégées 

Face des attaques de plus en plus nombreuses, la ville de Nouméa avait un temps envisagé un dispositif pour protéger l'une de ses plages les plus fréquentées, celle de la Baie des citrons, via la pose d'un filet anti-requins. Projet avorté car très contesté en raison des "captures accessoires" (c’est-à-dire des captures d’espèces non ciblées et parfois vulnérables, comme les tortues ou les dugongs). En revanche, selon Claude Maillaud, "ce qui serait une solution pertinente serait d'avoir une ou des zones de baignades protégées aux abords de Nouméa. Le filet anti-requins est une solution assez décriée, en revanche il était question d'une barrière qui serait un filet avec des mailles rigides qui respecterait mieux la faune." Et de poursuivre, "d'autres dispositifs existent également, comme des barrières de champs électriques qui peuvent également être posés." Autre option : "en Australie, dans certaines zones, des drones sont également utilisés et couplés avec de l'intelligence artificielle, ce qui permet de savoir si des requins sont à proximité des zones de baignades." Dans tous les cas, "il faudrait faire quelque chose pour sécuriser quelques périmètres pour les baigneurs calédoniens.