Bilan financier des communes Calédoniennes : une bonne résistance à la crise sanitaire mais encore des difficultés

Les élus et autres responsables ont eu droit à un bilan pointu de la situation financières des communes
Quel impact de la crise Covid sur la situation financière des communes Calédoniennes ? C'est l'objet d'une étude présentée vendredi 9 décembre par l'Agence française de développement (AFD). Elle a porté sur la période 2018-2021. Ses conclusions ? Une bonne résistance à la crise sanitaire, mais encore bien des difficultés.

Dans son « Observatoire des communes 2022 », l’AFD a répondu à une exigence des collectivités : être capable de fournir des données précises de leur situation financière, sur l’année précédente. Objectif rempli avec la publication de cette étude, présentée ce vendredi matin à la station N. Dans l'assistance, notamment, la présidente de l'Association française des maires de Nouvelle-Calédonie, Sonia Lagarde, et celui de l'Association des maires de France (AMF), Alphonse Poinine. D'autres maires ont fait le déplacement.

Quitus pour la gestion de la crise

L'impact de la crise Covid sur les finances des communes est amplement détaillé dans le document de 51 pages.  Il en ressort notamment que les dotations de l’Etat et de la Nouvelle-Calédonie, qui ont représenté deux tiers des recettes des communes, ont joué un rôle de "rempart" durant cette période. Mais pour préserver leur situation financière, les municipalités devaient également agir sur leurs dépenses de fonctionnement. Un exercice réussi souligne l’Agence Française de développement  (AFD) : entre 2018 et 2021, elle n’a relevé qu’un pour cent d’augmentation en global. Damien Roiné, chargé de mission à l’Agence Française de développement, constate " l’effort remarquable, surtout lorsqu’on le compare avec les tendances que l’on peut avoir en métropole ou dans les autres Outre-Mer. Passée la crise Covid 2020, les dépenses avaient tendance à repartir à la hausse en 2021. Ce n’est pas le cas en Nouvelle-Calédonie".

Des données importantes pour la gouvernance à l'échelle communale

Investissement réduit

En fonction de la taille des communes cependant, les situations financières diffèrent. Elles sont plus dégradées dans celles de plus de 10 000 habitants où le recours à l’endettement est plus important. Selon Damien Roiné, "cette dégradation de la situation se trouve au niveau de l’endettement. Pour plus d’endettement, les communes ont moins de financement ce qui pose des problématiques, notamment lorsqu’il s’agit d’investir". Alors quelles solutions ? À l’heure actuelle, les communes Calédoniennes ne sont pas compétentes en matière de fiscalité. Elles pourraient, dans le cas inverse, influer sur l’amélioration de leurs ressources. C’est ce que propose Yoann Lecourieux :

"C’est vraiment quelque-chose qu’il faut travailler dans le statut des communes et dans le futur statut de la Nouvelle-Calédonie, de donner cette compétence aux communes si elles veulent l’exercer".

Yoann Lecourieux, membre du gouvernement en charge des politiques du développement

Le maire de Ponérihouen, Pierre-Chanel Tutugoro, souhaite de son côté le maintien d’une fiscalité partagée. Il se dit plutôt favorable à l’intercommunalité, et au transfert de certaines compétences aux provinces pour financer de lourds projets, comme celui de la gestion de l’eau. Celui-ci déclare : "Moi je parle plutôt de l’eau et de désenclavement parce que c’est une histoire d’aménagement du territoire. Et ça coûte cher c’est pour ça que j’ai pris l’exemple de notre schéma de l’eau. C’est plus d’un milliard pour une petite commune. Donc c’est beaucoup trop si on peut s’occuper d’autre chose c’est encore mieux". Si l’AFD note une certaine reprise de l’investissement des communes en 2022, elle évoque aussi des incertitudes fortes. Et notamment, le renchérissement de l’emprunt. Levier jusqu’ici peu cher, il est passé de taux négatifs à un niveau de 2%.

Regardez le reportage de Martin Charmasson et Gaël Detcheverry :

©nouvellecaledonie

Il s'agit du septième rapport de l’Observatoire des communes publié par l'Agence française de développement (AFD). On le voit, les communes ont joué la prudence. Et qui dit prudence dit repli de l'investissement pour les communes. Or ce repli de l'investissement pourrait compromettre la relance économique attendue sur le territoire.

Le point avec Steeven Gnipate :