Le centre Tjibaou va accueillir de jeunes délinquants en travail d'intérêt général

Les conventions ont été signées au CCT par Didier Poidyaliwane et Emmanuel Tjibaou.
Le centre Tjibaou peut désormais devenir un organisme d'accueil pour des mineurs condamnés à du travail d'intérêt général ou encore de la réparation pénale. L'idée : continuer à intégrer de jeunes délinquants dans la ville et la société, tout en les ramenant à leur propre culture.
Ce sont une demi-douzaine de conventions qui ont été signées mercredi par Didier Poidyaliwane et Emmanuel Tjibaou. Le membre du gouvernement en charge de la protection judiciaire, la jeunesse et la culture; et le directeur de l'ADCK qui gère le centre Tjibaou.
 

Refaire les toits des cases

Ce partenariat va permettre d'accueillir des mineurs, suivis par la protection judiciaire de l'enfance et de la jeunesse, sur les magnifiques installations du CCT, en voie de rénovation. Ils y réaliseront des travaux d’intérêt général, de la réparation pénale, des travaux non rémunérés ou des stages de citoyenneté (lire ci-dessous). Par exemple aider à changer la paille des cases sur l'espace Mwakaa, en contrebas du centre. 
  

Sanctionner dans une démarche identitaire

Des mesures qui restent des sanctions, mais l'idée est de les inscrire dans une démarche plus identitaire et culturelle. Ce serait un accompagnement pour des jeunes qui ont toujours vécu en ville et se trouvent très éloignés de la vie coutumière. «Les conventions sont un cadre réglementaire. Il faut le nourrir avec quelque chose qui fait du sens», précise Emmanuel Tjibaou. «Je ne dis pas que ça va répondre à tout. Mais la question de l’identité est au centre de la problématique. Je le vois quand on intervient pour les mineurs au Camp-Est.» 
 

La question de l’identité est au centre de la problématique. Je le vois quand on intervient pour les mineurs au Camp-Est.
- Emmanuel Tjibaou, ADCK

 

Raccrocher à sa culture

Au centre pénitentiaire de Nouméa, la plupart des personnes incarcérées sont des Kanak. Et pour Didier Poidyaliwane, le manque de repère familial et la coupure avec sa culture favorisent la délinquance. D’où l’importance de tisser des liens avec des établissements tels que le centre culturel Tjibaou. «Une agence dédiée à l’identité kanak est située en pleine ville, insiste l'élu, et l'idée n'est pas de sortir le mineur en difficulté de la ville, mais de continuer à l'intégrer dans la ville. Dire : l'identité kanak est au centre, il y a des cases, des champs de taro, des ignames à planter. Il faut le raccrocher à sa culture, c'est le raccrocher dans la ville.» 
 

L'idée n'est pas de sortir le mineur en difficulté de la ville, mais de continuer à l'intégrer dans la ville.
- Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement

 

 
 

Petit lexique

• Travail d'intérêt général (TIG) :
peine alternative à l’incarceération qui consiste à accomplir un travail non rémunéré au profit d’une personne morale chargée d’une mission de service public, ou d’une association habilitée. La durée peut varier entre vingt et 400 heures.
• Réparation pénale :
mesure éducative qui consiste à effectuer un acte de réparation ou d’aide, lié à l’infraction commise. Ce qui peut être un service bénévole auprès de la collectivité. 
• Travail non rémunéré :
mesure qui consiste à accomplir au profit de la collectiviteé un travail non rémunéreé pour une durée maximale de soixante heures, dans un délai qui ne peut pas dépasser six mois. Elle ne peut être prononcée qu’à l’encontre d’un mineur âgé d’au moins seize ans.
• Stage de citoyenneté :
une peine correctionnelle qui peut être prononcée à titre principal ou comme alternative aux poursuites.