Crise en Nouvelle-Calédonie : pourquoi cette semaine est décisive pour le retour des bateaux de croisière sur Nouméa

Un paquebot de croisière en escale à Nouméa en janvier 2024
"La réouverture de l’escale de Nouméa demeure en discussion pour le mois de novembre 2024", annonçait le gouvernement dans un communiqué la semaine dernière. Des agents des opérateurs de croisière seront sur place mercredi et jeudi pour évaluer le niveau de sécurité de la ville.

La Grande terre retrouvera-t-elle la confiance des compagnies de croisière ? "Lifou était plus rassurante que Nouméa, dans un premier temps, car il y a eu moins de dégâts", confie une spécialiste. Drehu a reçu ses premiers touristes internationaux arrivés par la mer vendredi 18 octobre. Mais les armateurs restent prudents concernant la reprise de l’escale nouméenne, qui doit se faire en concertation avec les autorités.

Le gouvernement a écrit aux opérateurs de croisière, il y a quelques semaines, pour dire qu’il y était favorable, avec certaines conditions de sécurité. Un rendez-vous a été fixé pour cette semaine, mercredi et jeudi, où des représentants de Carnival cruise line et de la Royal carribean cruises sont attendus sur le Caillou. Ils veulent se rendre compte par eux-mêmes de la situation, car c’est leur responsabilité qui est engagée quand un croisiériste met pied à terre.

Réinstaurer la confiance

Du côté de Nouvelle-Calédonie tourisme, la directrice générale Julie Laronde a "bon espoir" qu’un nouveau partenariat soit scellé. En avril 2024, NCT et la compagnie Carnival Australia signaient un accord de coopération pour développer le tourisme de croisière sur les cinq prochaines années. Mais les émeutes qui ont débuté en mai ont amoindri la confiance des Australiens et des Néo-Zélandais, qui se faisaient plus nombreux depuis la réouverture des frontières après la crise Covid.

"On est très attentifs aux discussions, signale Fabrice Lecomte, gérant de Lyvaï tours et président du conseil d'administration du GIE New Caledonia cruiseship tours. Il faut que les Australiens comprennent que la Nouvelle-Calédonie est redevenue sûre, parce qu'on a été inscrit sur la liste noire. Les vols de rapatriement au départ de Magenta font que les gouvernements australiens et néo-zélandais ont considéré que nous étions un pays en guerre !"

C'est à nous de communiquer sur le fait que Nouméa est sécurisée, et que les plages, les restaurants et les bars n'ont pas été touchés... Pour faire entrer de la devise.

Fabrice Lecomte, président du conseil d'administration du GIE New Caledonia cruiseship tours

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Des aides inadaptées aux entreprises qui travaillent avec les croisiéristes

Après deux ans de fermeture post-Covid, la croisière s’était réinstallée en Calédonie en octobre 2022. Depuis mai, c’est cinquante escales qui ont été perdues. Et les cinq derniers mois ont généré beaucoup d’inquiétude pour parvenir à maintenir l’outil de travail. Avec l’aide de ses employés, le gérant de la société Lyvaï tours, Fabrice Lecomte, a engagé des moyens colossaux dans le but de protéger son matériel, sans rentrée d’argent ou presque.

"On a 98 % de perte de chiffre d'affaires". Et les aides du fonds de solidarité de l'État n'étaient pas adaptées à l'activité : "d'abord elles étaient plafonnées à 10 000 euros (1,19 million de francs pacifique), et en plus c'est l'année 2022 qui était choisie comme référence. Alors que le marché de la croisière n'a fonctionné que trois mois."

Le tourisme, un "projet porteur"

Contrairement à la période Covid, l’entreprise n’a pas licencié, le chômage de droit commun pouvant prendre la suite du chômage spécifique. "On ne donnera certainement pas de treizième mois, ni les bons de noël... On avance vraiment sans visibilité."

Pour Fabrice Lecomte, il est "important que la Calédonie puisse changer de stratégie : arrêter avec le 100% nickel, et avoir un projet porteur qu'est le tourisme. Je pense qu'aujourd'hui le tourisme devra devenir la première économie, et non pas la brouette. C'est la seule qui peut se relever, qui est debout demain." L'entrepreneur plaide également pour que le secteur ait un seul référent, car, il insiste : "le tourisme n’est pas provincial".

Un premier paquebot pourrait accoster à Nouméa au cours de la deuxième semaine de novembre.