Un procès très attendu en Nouvelle-Calédonie s’est ouvert ce matin, à Nouméa. Celui des deux jeunes accusés d'avoir causé la mort de Mathilde Molina. Au petit matin du 19 août 2016, cette infirmière de 23 ans était percutée à l’Anse-Vata par un véhicule qui ne s'est pas arrêté.
Natacha Cognard et Malia Losa Falelavaki (F.T.) •
Le 19 août 2016 au petit matin, Mathilde Molina sort de discothèque à l’Anse-Vata. Alors qu’elle traverse la promenade Roger-Laroque, cette infirmière âgée de 23 ans est violemment heurtée par un véhicule. Le conducteur prend la fuite en laissant la jeune femme inconsciente sur le bord de la route. Prise en charge par les urgences, on lui diagnostique de multiples lésions au cerveau.
A la recherche de témoins
Les investigations de la police nationale et de la gendarmerie piétinent. La famille recherche activement des témoins de l’accident. «Mathilde», comme la Calédonie se met à appeler celle qui devient un symbole de l’insécurité routière, décèdera au début du mois de novembre à l’hôpital d’Annecy. Devant son état, sa famille prend la lourde décision d’arrêter l’assistance respiratoire qui la maintenait en vie. Elle est inhumée en Haute-Savoie.
Arrêtés trois mois après
Les deux jeunes hommes qui comparaissent depuis ce matin devant le tribunal correctionnel, âgés de dix-neuf ans, ont été interpellés à la mi-novembre, près de trois mois après les faits. Allan Nicol, le conducteur, est poursuivi pour homicide involontaire et délit de fuite. Thomas Louviers, le passager, doit répondre de non-assistance à personne en danger. Ils encourent respectivement sept et cinq ans de prison.
«Incertitude», dit la défense
Ce mardi, le procès n’a véritablement commencé que peu avant midi. L’avocat du conducteur a en effet demandé un supplément d'information. Maître Denis Milliard a fait état d’un rapport d’accidentologie et soulevé la présence d’une deuxième voiture. Ce serait cet autre véhicule qui aurait projeté Mathilde Molina à soixante mètres du point de choc. Il y aurait une «incertitude» ne permettant pas de juger les prévenus.
«Théorie du complot», répond la partie civile
La demande a été balayée par les deux avocats de la partie civile. Pour maître Jean-Jacques Deswarte, qui a évoqué «la théorie du complot», «c’est un moyen pour Allan Nicol d’échapper à sa responsabilité». «Une manœuvre indécente», a ajouté le ministère public.
Offert par le père
Les avocats du fond de garantie et des assurances sont aussi intervenus. Le père du principal prévenu avait offert le véhicule à son fils qui venait d’obtenir son permis de conduire. Mais l’assurance n’était pas à son nom. C’est le père, d’ailleurs, qui a procédé lui-même à la réparation du véhicule le lendemain de l’accident.
Demande rejetée
Après suspension de séance, la présidente du tribunal a rejeté la demande de supplément d’information et les débats ont pu commencer. Les deux prévenus ont d'emblée reconnu les faits.