Secourir la population et aider à la reconstruction du pays. L’aide humanitaire internationale a commencé à arriver, dans le royaume de Tonga dévasté par la puissante éruption volcanique du 14 janvier et par le tsunami qui a suivi. Nouvel exemple avec ce patrouilleur de la marine qui devait quitter Nouméa, ce lundi 24 au soir, avec à bord près de dix tonnes d'aide.
Tentes, outils, hygiène, lampes ou masques
Le week-end dernier, l’antenne calédonienne de la Croix-Rouge a préparé dans ce but 21 palettes de matériel, soit six tonnes. "Nous allons envoyer des tentes, pour abriter une centaine de familles", a décrit Vincent Lepley. Il est coordinateur en gestion des risques et catastrophes au sein de la Croix-Rouge. "Nous avons des kits outillage, des kits hygiène, pour enfant et pour adulte. Tout ce qui est lampes solaires. Et nous allons aussi envoyer des masques, pour anticiper des problèmes au niveau respiratoire, pour tout ce qui est cendres."
Ce fret humanitaire de l'Etat français, mis en forme par la Croix-Rouge, a quitté en début d’après-midi le dock de l’association à Montravel. La gendarmerie a été chargée de l’acheminer jusqu’à la base navale de la pointe Chaleix, où il a été embarqué sur La Glorieuse.
Bouteilles d'eau
Un manie-tout a disposé les palettes sur une barge, qui les a transportées jusqu'au navire. Celui-ci devait prendre la mer à 18 heures, pour une navigation de trois à quatre jours selon la météo. A bord, non seulement les six tonnes conditionnées par les bénévoles de la Croix-Rouge, mais aussi quatre tonnes de matériel, dont des bouteilles d’eau, préparées par le gouvernement calédonien via la Sécurité civile.
Opérations navales et aériennes
Une opération en collaboration avec la marine nationale, appelée à se renouveler. "Nous avons des opérations navales et aériennes déjà en cours", décrit le général Valéry Putz, commandant supérieur des FANC. "Dès samedi, à l’heure de Calédonie, le patrouilleur Arago des Forces armées en Polynésie française a quitté Papeete. Ce soir, le patrouilleur La Glorieuse appareillera pour rejoindre les Tonga qu’il atteindra dans trois jours environ. Et dans les tous prochains jours, nous aurons un certain de nombre de vols qui partiront de Nouvelle-Calédonie."
"Les FANC, détaille le Comsup, vont réaliser au moins un vol de reconnaissance pour permettre aux autorités tongiennes d’avoir une meilleure appréciation de la situation dans un archipel qui est grand, 175 îles, et dont la situation n’est pas encore entièrement connue. Nous enverrons également un ou plusieurs vol(s) de transport, selon les demandes des autorités tongiennes, pour apporter des compléments de fret, de secours et d’urgences."
Voyez le reportage d'Alexandre Rosada et Christian Favennec :
Le défi d'un pays Covid free
"Etant donné que les Tonga sont Covid free, on ne peut pas envoyer d’équipe. On ne peut envoyer que du matériel", rappelle Vincent Lepley de la Croix-Rouge. "Ce qui complique la chose, parce qu’il faut être sûrs que le matériel soit bien réceptionné. Le partenariat que nous avons avec l’Etat dans le cadre de l’accord Franz, plus la Croix rouge du Tonga avec la fédération internationale présente sur site… Tout ceci va nous permettre d’être sûrs que le matériel soit bien envoyé aux bonnes personnes, au bon moment."
L'accord FRANZ (comme "France Australie Nouvelle-Zélande"), c’est un dispositif de coopération entre Paris, Canberra et Wellington, pour coordonner l’aide aux pays et aux territoires du Pacifique victimes de catastrophes naturelles. Un mécanisme relayé par les haut-commissaires en Polynésie et en Calédonie. En l’occurence, ce soutien logistique vient en complément des différentes aides acheminées par l’Australie et la Nouvelle-Zélande - illustration avec cette publication de la marine kiwie.
Désastre
D’après une dépêche de l’Agence France presse publiée samedi, les réserves d'eau de dizaines de milliers de Tongiens pourraient être contaminées par les cendres du volcan ou l'eau salée du tsunami. Les cultures ont été détruites et au moins deux villages ont été totalement anéantis. Selon des estimations, lors de l'éruption, environ un kilomètre-cube de matière a été propulsé, et les experts estiment que le Hunga-Tonga Hunga Ha'apai restera actif "pendant des semaines, voire des mois".
"Les habitants des Tonga vont avoir besoin d'un important soutien pour faire face à un désastre d'une telle ampleur", a dit à l’AFP Sione Hufanga, chargé de la coordination de l'aide des Nations unies aux Tonga. "Ils demeurent accablés par l'ampleur des dégâts". Cet archipel est le troisième pays au monde le plus vulnérable aux catastrophes naturelles, selon le rapport sur les risques mondiaux. Mais en dépit de ces menaces, la journaliste tongienne Marian Kupu en est certaine : la plupart des Tongiens souhaitent rester vivre dans leur pays.