"Il ne faut pas se laisser faire et surtout protéger les enfants. Moi j’avais eu des problèmes avec mon ex. J’ai choisi les enfants", raconte une femme battue venue "soutenir les mamans" au sein de la mobilisation emmenée par le collectif Femmes en colère. Un rassemblement qui s’est tenu ce samedi matin devant le tribunal de Nouméa, un jour seulement après la mort d’une femme frappée à mort par son conjoint.
Se sont succédés d’autres témoignages poignants ainsi que des récriminations. " C'est inadmissible : les hommes qui tapent les femmes! Il faudrait plus de maisons pour accueillir les femmes", estime un homme. "Ici, nous avons la police nationale, les gendarmes, les autorités qui sont impliquées sauf qu’à un moment il y a un bug. Est-ce que les plaintes sont réellement prises? Est-ce que les femmes sont accompagnées?", questionne une autre femme.
Micro-trottoir durant la mobilisation à l'appel du collectif Femmes en colère, par Alix Madec
5,4 faits sur 1000 habitants
Malgré le Grenelle contre les violences conjugales mis en place en 2019, les agressions au sein du couple représentent localement 5,4 faits pour 1 000 habitants. C’est un peu plus du double de la moyenne hexagonale.
"Mais le problème du Grenelle, c’est qu’il y a le haussaire, le gouvernement, tout ça… Donc quand on parle du Grenelle, il y a toute une société qui est là mais qui ne parle pas de ce qui se passe exactement. On parle de tout ce qui ce passe autour des violences. Mais parler de la violence elle-même : on n’en parle pas. Il faudrait revoir ce Grenelle", déplore Valentine Holle, membre du collectif Femmes en colère.
Des mesures pour permettre de libérer la parole. Depuis 2018, le nombre de procédures diligentées pour violences conjugales a bondi de 50,5% sur le territoire.
Je crois que c’est quelque chose de très profond qui ramène à cette discrimination entre hommes et femmes.
"ll y a eu des initiatives prises. Au commissariat, quand une femme est reçue, elle est reçue discrètement de préférence par une agente qui a été bien préparée à ce type d’entretien. Il y a eu cette convention avec le CHT. Il y a des choses qui existent tout de même, indique Gérard Sarda, président de la ligue des droits de l’homme. Mais je crois que c’est quelque chose de très profond qui ramène à cette discrimination entre hommes et femmes."
En Nouvelle-Calédonie, près de 20% des personnes incarcérées prévenues ou condamnées le sont pour violences conjugales. Des violences, qui peuvent aller jusqu’au féminicide.
Le reportage d'Alix Madec
Selon Chérifa Linossier du Collectif Femmes en colère, ces violences sont un "fléau".
Collectif Femmes en colère, Chérifa Linossier, interrogée par William Kromwel