Dans un entretien de près de 40 minutes accordé à France 2 et TF1 ce vendredi matin, le chef de l'Etat a longuement évoqué le conflit en Ukraine, réaffirmant notamment que "toutes les options sont possibles" à propos de l'envoi de troupes pour aider Kiev.
Sans préciser quelles forces pourraient être déployées en Ukraine, ni "les lignes rouges" qui déclencheraient une telle intervention, Emmanuel Macron s'est montré ferme : "Il nous faut [...] dire que nous sommes prêts à mettre les moyens pour atteindre notre objectif, qui est que la Russie ne gagne pas".
Une opinion publique défavorable
Des déclarations qui ne vont pas forcément dans le sens de l'opinion publique. Fin février, un sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD, pointait le fait qu'une grande partie de la population française (76 %) se montre opposée à l'idée d'une intervention française. Dans les rues de Nouméa, l'hypothèse ne fait pas non plus l'unanimité.
"Ça peut être dangereux pour l'Europe. L'économie est suffisamment en berne et même si tout n'est pas lié nous sommes déjà beaucoup en difficultés. Je suis plutôt contre", indique une habitante. "Je ne suis pas très fan de l'idée, surtout quand nos alliés ne sont pas de notre avis, ça peut être dangereux", renchérit une autre Nouméenne.
Une posture électoraliste ?
Pour certains habitants, les déclarations d'Emmanuel Macron sont uniquement liées aux échéances électorales à venir. "C'est un grand communicant. Il prépare sa campagne des européennes, mais la France n'a pas les moyens d'assumer un conflit. Si on doit intervenir en Ukraine, il faudra le faire dans le cadre de l'OTAN et c'est tout", estime un Nouméen.
Si les Calédoniens interrogés semblent pour beaucoup réticents à l'idée d'envoyer des troupes françaises en Ukraine, une partie d'entre eux n'est pas tout à fait opposée à ce scénario. "S'il faut emmener des troupes là-bas pour contrer la Russie, pourquoi pas ? Les soldats ont choisi d'être militaires, c'est une question de solidarité pour le peuple ukrainien", estime un passant.
"Il a raison", acquiesçe une Nouméenne : "On ne va pas laisser les gens se faire tuer. En plus ce sont nos voisins et ils vont rentrer dans l'Union européenne". Une référence au processus d'adhésion de l'Ukraine, qui a franchi une étape décisive en décembre dernier.
Le reportage d'Aiata Tarahu et Claude Lindor