C’était il y a 35 ans. Pierre M’Boueri décidait de quitter la mine, sur le plateau de Thio, pour se consacrer au travail de la terre, dans la vallée. Il est devenu agriculteur. À l’époque, un peu plus de cent ans après le début de l’exploitation minière, Louis Mapéri, premier maire indépendantiste de la commune, défendait la nécessité de préparer l’après.
"On peut vivre sans nickel"
“Il faut montrer aux jeunes qu’on peut vivre sans nickel”, approuve Pierre M’Boueri. Lui en a fait la démonstration à ses enfants, heureux de vivre de leurs cultures. À Thio, alors que la SLN a mis ses sites miniers en sommeil suite aux exactions de 2024, la question s’impose : comment réactiver l’économie hors nickel ? Diversifier pour moins dépendre de l’or vert ?
S'appuyer sur Mara-Jati, une association créée dans les années 1980, qui travaille pour améliorer et développer l'agriculture, sur les plans techniques, économiques et sociaux, est une piste. Les autorités coutumières y travaillent.
Mais pour une partie des habitants, l’urgence reste la relance de l’activité minière. Du côté de la Somikat, société minière des Kanak de Thio, créée en 2007, à la suite d’un conflit avec la SLN, par exemple.
Une relance, mais comment ?
Vendredi 28 février, à Nouméa, industriels, miniers, sous-traitants, syndicats et élus avaient rendez-vous avec le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, pour évoquer la relance du secteur du nickel calédonien, stratégique pour l’avenir du pays et pour la France et l’Europe, qui ont besoin de ce minerai pour ses voitures électriques. Il a notamment été question “de la subvention à l’énergie, qui pourrait aider la SLN et Prony Resources à être plus compétitives sur le marché”, indique Christian Paupua, président du syndicat des industries de la mines.
Pas grand-chose n’a filtré des échanges. “Nous attendons les prochaines réunions de travail qui auront lieu avec son cabinet mais on peut retenir le soutien indéfectible de l’État", explique Christian Paupua. État qui serait prêt à "accompagner" d’éventuels candidats à la reprise de KNS.
Trouver un nouveau modèle minier va demander beaucoup d’imagination, de réflexion, de discussions parce que le secteur du nickel est sensiblement politisé, c’est l’histoire du pays qui le veut.
Christian Paupua, président du syndicat des industries de la mines.
Comme sur l’avenir institutionnel, les discussions promettent d’être longues. “Le pacte nickel a été refusé par les élus du Congrès, par la population des communes minières de la Calédonie, il va falloir trouver un autre modèle.” Ou des compromis.