Handicap : la maison Gabriel-Poëdi au bord de la rupture de soins

Reportage à la maison Gabriel-Poëdi, au bord de la rupture de soins. ©nouvellecaledonie
A Nouméa, sur la presqu'île de Nouville, la maison Gabriel-Poëdi se voit menacée de fermeture administrative. Avec la crise sanitaire, l’établissement spécialisé dans l'accueil des enfants et des jeunes polyhandicapés n'a plus assez d'infirmiers, ni d'aides-soignants, pour assurer son quotidien.

Un présent intenable. A la maison Gabriel-Poëdi, au cœur de Nouville, on trouve en ce moment quarante enfants polyhandicapés, nécessitant des soins lourds, et des personnels à bout de souffle, en pleine crise Covid.

Notre très très grande inquiétude est la possibilité, qu’on n’exclut pas, de devoir fermer administrativement, temporairement, l’établissement, si on ne peut plus assurer du tout, du tout, les soins.

Catherine Poëdi, présidente de l’APEHNC, Association des parents d’enfants handicapés de Nouvelle-Calédonie

Inaugurée en 2014

La fermeture administrative, personne n’ose y penser, même si la situation pourrait conduire l’association à cesser toute activité. Dans cet établissement inauguré en 2014, le manque de personnels soignants risque de conduire à la rupture. La directrice, Béatrice Ponot, liste quelques conséquences de cette situation. "Ça nous oblige à supprimer toutes les 'nuits infirmières', depuis plus de deux mois. Aujourd’hui, on n’a plus de couverture infirmière la nuit", dit-elle. "Ce n’est pas tout à fait secure, tant pour les jeunes que pour les professionnels."

Depuis plusieurs mois

"Ça nous oblige aussi à avoir des ruptures de soins dans la journée : un infirmier qui ne vient que le matin et pas l’après-midi. Un aide-soignant qui va déborder de ses missions, qui va faire des choses que d’habitude, il ne fait pas", cite encore la responsable. "On va le former, évidemment et l’accompagner au mieux. Mais c’est surtout qu’on a du personnel qui est fatigué. Ça fait des mois et des mois que ça dure."

Le personnel est à bout, on est très inquiets sur la suite et sur la durabilité des modes dégradés qu’on installe.

Béatrice Ponot, directrice de la maison Gabriel-Poëdi

Appel au gouvernement

Alors, c’est vers le gouvernement que se tourne aujourd’hui l’association. Le préconisations de la DASS ne suffisent plus, la voie semble sans issue. "On a besoin", estime Catherine Poëdi, "de rencontrer les politiques, a minima peut-être le cabinet de la personne élue en charge de la santé, pour savoir si ils se sont saisis de la gravité de ce problème et si quelque chose se met en place." Dotée d’un budget de 750 millions de francs, la maison Gabriel-Poëdi a les moyens d’engager aide-soignants ou infirmiers. Encore faut-il que le pays favorise les renforts, ou les recrutements.