“Il faut que ça s’arrête” : un collectif d'habitants alerte sur la situation de la Vallée-du-tir, quartier sinistré de Nouméa

Vue de la Deuxième Vallée-du-Tir, à Nouméa, le 10 septembre 2024.
Presque quatre mois après le début des émeutes, des habitants de la Vallée-du-tir se disent à bout. Maisons incendiées, voitures brûlées, commerces fermés... Ce quartier populaire historique de Nouméa est devenu méconnaissable, depuis le 13 mai. Un collectif de propriétaires vient de voir le jour, pour tirer la sonnette d’alarme.

Le sentiment d’être abandonnés... C’est ce que ressentent de nombreux habitants de la Vallée-du-tir. D’où la formation d’un collectif, pour faire pression sur les pouvoirs publics. Patrice est leur porte-parole. "Une fois par semaine, actuellement, c’est soit une voiture qui brûle, qui a failli brûler une maison, soit une maison incendiée…", relate le Nouméen. Dimanche, c’était une maison vide qui a été pillée, vandalisée. Certaines personnes ont quitté la Vallée-du-tir pour mettre à l’abri leur famille. Les familles, les enfants, vivent un cauchemar quasi quotidien et à un moment donné, il faut que ça s’arrête."

"La mixité sociale est vraiment présente" 

Ce collectif n’est pas un rassemblement de voisins vigilants, précise-t-il. Il n’existe d’ailleurs aucune organisation de ce type à la Vallée-du-tir, contrairement à de nombreux quartiers de Nouméa et de l’agglomération. "Il n’y a pas de discussion, quasiment, entre voisins, tout simplement parce que la mixité sociale est vraiment présente à la Vallée-du-tir. Et s’il devait y avoir un barrage qui protégerait certaines maisons, dans ce barrage il y aurait autant d’indépendantistes que de non-indépendantistes. C’est juste impossible d’avoir une cohésion entre les habitants pour protéger leurs maisons. Qui plus est, je ne suis pas du tout certain que tous ceux qui causent ce désordre à la Vallée-du-tir soient du quartier."

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"Que les habitants essaient d’avoir un espoir"

Après plusieurs réunions et courriers, ce collectif de propriétaires a rencontré la province Sud, la mairie, le haussariat et le député Metzdorf. Ils espèrent être enfin entendus. "L’idée c’est de faire en sorte que les habitants de la Vallée-du-tir essaient d’avoir d’abord un espoir, puisque personne ne les prend en charge, personne ne s’occupe d’eux. Il n’y a plus de référent de quartier. Il n’y a plus de présence de la ville de Nouméa dans la Vallée-du-tir. Mais malgré tout, les gens, eux, y habitent toujours."

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Apprendre à gérer le risque incendie

En attendant une réponse concrète des autorités, le collectif prend les devants : il vient de proposer à une dizaine de propriétaires un atelier sur la gestion du risque incendie, avec un sapeur-pompier de la ville de Paris.