Ils ont prévenu. Dès 5 heures ce vendredi matin, les militants de l'USTKE se sont mobilisés en nombre devant les bureaux d'entités bien précises : l'antenne du Medef rebaptisée Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie, au quai Ferry. Et à Ducos, la Confédération des petites et moyennes entreprises qui cohabite avec la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie. Sur place, en tout, 400 à 500 personnes. Une démonstration de force suite à des négociations collectives annuelles que la centrale a trouvées loin du compte.
C'est pour bien montrer, au niveau des fédérations patronales, qu'on ne va plus accepter ce genre de propositions. Eux qui parlent toujours de discussions, de négociations (…), il faut qu'ils arrivent avec des propositions décentes.
Thierry Le Berre, vice-président de l'USTKE
Conventions collectives
Le coût de la vie qui a augmenté ces dernières années, auquel s'ajoutent les effets de la crise Covid : face à ce double constat, l'USTKE estime que les conventions collectives ont été en deçà de ce qui aurait dû être la norme pour permettre un pouvoir d'achat suivant l'inflation.
C'est des conventions qui datent depuis vingt - trente ans. On a revalorisé les salaires au travers de la valeur-point, dans un avenant. Sauf qu'au niveau de la grille en elle-même, ça n'a pas évolué depuis des décennies.
Léonard Wahmetu, secrétaire général de la Fédération des mines et de la métallurgie
Dialogue difficile
Si le Medef a attendu avant de recevoir une délégation syndicale, la CPME et la FINC ont établi le contact en milieu de matinée. Un dialogue difficile, entre survie des entreprise et préservation du bassin d'emploi.
Il y a deux catégories d'entreprises : les petites, et les moyennes. Les petites sont étranglées financièrement. C'est vrai que d'autres n'ont pas fait d'efforts. Pour nous, c'était important de leur faire passer le message.
Mélanie Atapo, première vice-présidente de l'USTKE
Le Medef répond
Des efforts, le Medef estime en avoir faits. Par la voie d'un communiqué diffusé en fin de journée, il rappelle sa volonté de voir diminuer "les charges extrêmement lourdes pesant sur le travail en Nouvelle-Calédonie". Il insiste aussi sur l'explosion des coûts d'importation : "La situation exceptionnelle que nous traversons depuis deux ans maintenant ne pourra pas être réglée par les entreprises seules, actuellement confrontées à une explosion de leurs coûts d’approvisionnement, d’assurances et des hausses récentes des coûts de l’énergie et du carburant, et confrontées pour la plupart à la nécessité de réduire leurs effectifs."
Le mouvement demande par ailleurs à participer à une cellule de crise concernant l’inflation, "avec pour objectif de trouver collectivement les moyens d’amortir le choc inflationniste que subissent actuellement les entreprises et les consommateurs calédoniens." Ce sera au gouvernement d'arbitrer les souhaits, selon la marge permise par le budget du pays.
Le Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie (…) témoigne d'une situation de détresse partagée des entreprises et des salariés, et rappelle que le combat pour le maintien de l’emploi doit être une absolue priorité.
Communiqué du Medef-NC, le 1er avril
Le reportage de Nathan Poaouteta et Claude Lindor :