La centrale accostée de la SLN suscite des interrogations

Vue de la grande rade avec perspective de la CAT, la centrale accostée temporaire.
La centrale accostée temporaire de la SLN, appelée CAT, doit arriver dans les prochains jours en Nouvelle-Calédonie. Cette centrale au fioul flottante remplacera l’installation actuelle, vieille de cinquante ans, alors que la future centrale pays se fait attendre. Mais son arrivée suscite des interrogations parmi les syndicats, les organismes en charge de la surveillance de l’environnement et les associations.

Ce qui inquiète le Soenc énergie, c’est le T de CAT, pour "temporaire". Car si la SLN assure que la centrale sera exploitée pendant seulement trois ans, ce type d'installation peut tout à faire être utilisée sur le long terme. "Elle peut être utilisée indéfiniment. Elle peut aussi être convertie au gaz avec quelques modifications. Mais pour notre part, nous sommes attachés à la construction d’une centrale pays", précise Teddy Wondsodjirono, du Soenc énergie.

Du temporaire capable de durer

La construction sur barge faisait d’ailleurs parties des pistes très sérieusement envisagées pour la future centrale pays, avant d’être écartée il y a deux ans, les retombées économiques pour la Calédonie ayant été jugées insuffisantes. Or, pour le syndicat, si la SLN dispose d’un moyen de production électrique dont elle peut se séparer à tout moment, rien ne garantit qu’elle maintienne son usine métallurgique et ses emplois sur le sol calédonien. "Ça fait des années que c’est le statu quo sur la centrale pays. Il faut que le gouvernement lance le projet, mais il faut aussi que l’industriel s’engage à acheter l’électricité qui sera produite", souligne Teddy Wongsodjirono.

Avis défavorable de Scal’Air

De son côté, l'association Scal’Air, en charge de la surveillance de la qualité de l’air, s’inquiète du niveau d’émission de soufre rejeté par cette centrale accostée. "Nous avions donné un avis défavorable lorsque nous avons été consulté, et émis un grand nombre d’objections", précise la présidente du conseil d'administration, Nina Julié. "Parce que le rendement de la centrale est certes meilleur que celui de Doniambo, mais cette centrale a vocation à fonctionner beaucoup plus que Doniambo. Donc on considère qu’en termes d’émissions polluantes, ça va être équivalent." La présidente de Scal’Air regrette enfin que ce qui sera la plus grande centrale du pays n’ait pas fait l’objet d’une enquête publique.

Pas d’enquête publique

Elle est rejointe sur ce point par Ensemble pour la planète. L'association déplore elle aussi que le projet n’ait pas fait l’objet d’une enquête publique. La SLN a tenu de nombreuses réunions d’information, mais l’enquête publique n’a pas été jugée nécessaire par la province Sud, la centrale étant temporaire. Une décision que regrette la présidente d'EPLP, Martine Cornaille : "La province Sud a fait le choix de ne pas déclencher d’enquête publique et donc de ne pas mettre à disposition les études d’impact à disposition du public. Il ne faut pas oublier que l’on en est en plein centre-ville, donc est-ce que l’on est soumis à un risque d’explosion ? Quelle hauteur font les cheminées, sachant que de cette hauteur dépend la bonne dispersion des polluants ?"

Mise en service prévue en octobre

La SLN a demandé une autorisation d’exploiter cette centrale jusqu’en 2025. L’arrêté ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement), donnant le feu vert définitif à son exploitation, doit être délivré dans les prochaines semaines. La mise en service est prévue début octobre.

Centrale thermique de Doniambo.