Le confinement pousse les associations caritatives de Nouvelle-Calédonie à se mobiliser. A Nouméa, depuis plusieurs jours, elles arpentent les quartiers et les squats. Un travail concerté pour mieux répondre aux besoins des populations en précarité.
Cédrick Wakahugnème, avec F.T. •
10h15, quartier de Normandie. Le camion de livraison arrive dans la zone de réception, à l’Eglise évangélique de Pentecôte. Les bénévoles se précipitent pour décharger les cinq tonnes de marchandises. Une aubaine aujourd’hui, les associations caritatives sont déjà là : Saint-Vincent-de-Paul, Rapsa ou encore Action solidaire.
Partage équitable
Des bras supplémentaires, ce n’est pas de refus. «Il faut partager au mieux les produits qui sont arrivés», vérifie Mathurine Wea, bénévole de l’association Dorcas. «Nous avons placé des étiquettes qui indiquent le nom des associations et nous alignons les produits pour que toutes aient les mêmes produits.» Un travail organisé, voire rodé, et minutieux : le partage doit être équitable.
Dons de grandes surfaces
L’opération a lieu sous les yeux du chef d’orchestre, Louis Levant. Président de l’association de la banque alimentaire-Dorcas, il mobilise ses fidèles depuis le début du confinement. «Dans ces lots que les grandes surfaces nous donnent», assure le pasteur à la retraite, «il y a des aliments pour enfants, des biscuits en tous genres, des produits pour le petit-déjeuner et des denrées sèches. C’est tout cela que nous devons redistribuer aux neufs associations présentes aujourd’hui.»
Bouffée d'oxygène pour Béthanie
Tour à tour, celles-ci réceptionnent leurs produits. Avec 70 pensionnaires, difficile pour le foyer Béthanie d’assurer le ravitaillement des femmes placées et de leurs enfants dans le besoin. Ces dons sont une véritable bouffée d’oxygène. «Nous travaillons avec un public assez précaire», souligne Laure Regnauld, la directrice du foyer dédié aux femmes victimes de violences ou en grande difficulté. «Les gens étaient sur des contrats d’intérim ou en contrat à durée déterminée. Aujourd’hui, avec le confinement, ils se retrouvent sans emploi. Ces dons sont donc les bienvenus.»
Au squat de Nouville
Nouville, à quelques pas de la clinique Kuindo-Magnin. Levés aux aurores, les bénévoles d’Action solidaire arpentent le squat, qui date des années quatre-vingts. Porte-à-porte, messages de prévention, gestes barrière… Leur mission : accompagner au mieux les populations les plus vulnérables. «C’est déjà de venir recenser les besoins des gens», commence Gaston Wayewol.
Passer une période difficile
«On n’est pas là pour leur promettre la lune, ajoute-t-il. On leur dit que des produits de première nécessité sont disponibles pour les aider.» Le bénévole, animateur de quartier, ne ménage pas ses efforts pour se rendre utile dans une période compliquée. «Les gens sont contents et nous reçoivent. En ces temps difficiles, il est important de les aider à surmonter la crise.»
Un confinement mal vécu
A l’extrémité de la jetée, c’est là qu’Angela Leilua vit depuis dix ans avec son mari. Le confinement, elle le supporte très mal. Coupée de sa famille et surtout, sans la possibilité de pêcher, devant son petit cadre idyllique du bord de mer. «Ils viennent vers nous. Ils se déplacent carrément pour voir les personnes isolées et qui ne peuvent pas se rendre aux magasins», apprécie l’habitante du squat. «Ça fait vraiment du bien. Moi, je n’ai pas vu mes petits-enfants sur Yahoué depuis plusieurs jours. Ça me fait vraiment mal de ne pas pouvoir leur parler.»
Pour les Calédoniens en détresse
Des associations caritatives dévouées. Beaucoup n’ont pas attendu l’appel des autorités locales pour se mobiliser, et servir avec leur cœur les Calédoniens en détresse.