La ville de Nouméa offre une seconde vie au bâtiment historique de la "France australe"

Il aura fallu attendre un peu plus d'un quart de siècle pour que ce patrimoine historique reprenne vie, depuis son acquisition par la ville de Nouméa en 1997. Jeudi 2 mai, la rénovation des anciens locaux de La France australe a été inaugurée par la commune. 

Voilà déjà deux mois que le bâtiment est occupé par une vingtaine d'agents de la mairie. Ce site, classé au titre du patrimoine historique et culturel de la province Sud depuis 2004, héberge la direction de la culture, du patrimoine et du rayonnement de la ville. Ou tout au moins "une partie", précise Claudia Chassard, sa directrice. 

Hôtel, journal et consulat 

Construit en 1875 par l’homme d’affaires Jacques Ducasse, ce bâtiment fut tout d'abord l'un des premiers établissements hôteliers de Nouméa, baptisé l'Hôtel du Pacifique. En 1882, il passe aux mains de la Société le nickel, qui y implante des bureaux, avant de devenir le siège du quotidien La France australe, dont la SLN restera actionnaire cent ans, de 1889 à 1979. 

Pendant la Seconde guerre mondiale, de 1941 à 1946, le consulat des Etats-Unis s'installe dans une partie du bâtiment. La France australe ferme définitivement en 1979. Quatorze ans plus tard, le premier étage est détruit dans un incendie. En 1997, ce site historique échappe à la démolition, grâce à la ville qui le rachète à la SLN.

Inoccupé pendant plus de vingt ans

Mais la remise en état de ce bâtiment classé met des années à voir le jour, principalement pour des questions financières. Sujet de campagne de Sonia Lagarde, candidate à sa propre succession en 2020, la réhabilitation de la France australe débute en 2022.

La mairie fait face à plusieurs défis pour rénover ce site vieux de 150 ans : le désamiantage tout d'abord, mais aussi la préservation de certains éléments patrimoniaux, comme les poutres métalliques ou les quatre façades de l'édifice, qui "ont été confortées afin de conserver leur caractère d’origine", précise la mairie.

L’intérieur, en revanche, a "été entièrement repensé".  Enfin, la toiture, "qui avait été reconstruite à la hâte en 2003 après le passage du cyclone Erica, a été entièrement refaite". 

Un chantier de presque 350 millions de francs

Coût de l'opération : 344 millions de francs, dont 27,4 millions financés par la province Sud, au titre de l’aide à la conservation des monuments historiques. Une enveloppe considérable mais nécessaire aux yeux de la maire Sonia Lagarde. "Ce lieu a connu plusieurs vies. Il a une histoire intéressante et fait partie du patrimoine, indique Claudia Chassard. L'exécutif a à cœur de rénover les bâtiments historiques qu'il possède."

Plusieurs projets ont été élaborés autour de cet édifice, jusqu'à ce que la ville tranche en faveur de la direction de la culture pour y déployer ses agents. 

Ouvert au public

Ses 600 m2 de locaux accueillent des bureaux réservés au personnel mais aussi des espaces ouverts au public, notamment les artistes et les associations pour les accompagner dans leurs démarches.

La ville envisage aussi d'organiser des visites "sur des temps très courts"  pour faire découvrir ce pan de patrimoine calédonien. "L'idée est de raconter l'histoire de ce bâtiment qui date de la création de la ville", souligne la directrice de la culture, du patrimoine et du rayonnement.