Un séminaire interroge la notion de laïcité en Nouvelle-Calédonie

Organisé au siège de l'EPKNC, le séminaire intégrait plusieurs intervenants de la société civile.

La laïcité a-t-elle le même sens en Nouvelle-Calédonie que dans l'Hexagone ? La question été débattue ce samedi à Nouméa, lors d'un séminaire au siège de l'EPKNC. Eglise qui a invité à la réflexion plusieurs acteurs de la société.

Le siège de l’église protestante comme lieu de débat sur la laïcité, l’endroit peut étonner. Pour autant, entre l’histoire kanak et les églises, la séparation des pouvoirs spirituels et des pouvoirs temporels a toujours été singulière.

Dans toutes les manifestations coutumières, à l’intérieur des tribus, etc, les deux s’accompagnent. On ne peut pas faire une cérémonie sans qu’il y ait une prière, et vice-versa. 

Macate Wenehoua, homme politique

 

Réflexion ouverte

Cette proximité entre coutume et religion dans le monde kanak a incité l’Eglise protestante à provoquer une réflexion autour de ce que pourrait être la laïcité demain dans le pays. Sujet de bien des divisions dans l'Hexagone, cette question s'avère plus fédératrice en Calédonie.

Le concept d’église et de religion dans le Pacifique n’a pas une conception séparée comme en Métropole. Ici, la vision, souvent, de l’humain est une vision d’ensemble. L’humain est à la fois politique, spirituel et culturel. 

Var Kaemo, président de l’Eglise protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie

 

Var Kaemo, président de l'EPKNC.

 

Plusieurs intervenants

Invités, plusieurs intervenants de la société civile ont pu évoquer les différences que pouvait revêtir le concept de laïcité. Pour Jean-Paul Helloa, psychologue en milieu scolaire, il faut ainsi cesser le copié-collé avec le système éducatif français.  

On enseigne comme à Paris, à Bordeaux ou Marseille. On n'a pas encore mené de réflexion assez poussée sur la place de la laïcité ici, ou des religions. C'est un concept qu'il faut réinterroger, en fonction de la situation de la Nouvelle-Calédonie et du passé. Surtout que nous sommes dans un contexte colonial.

Jean-Paul Helloa, psychologue scolaire

 


Miser "sur le capital humain"

Une laïcité plus inclusive, c’est ce que souhaite une partie du monde économique. David Guyenne, président de la Chambre de commerce et d’industrie, dit miser "sur le capital humain". Traduction : "Des employés ou des entrepreneurs, qui sont bien dans leur peau dans toutes leurs dimensions. Certains auront une dimension spirituelle, une dimension plutôt sur leur genre, sur leur culture… Le message que, nous, le monde économique, on a envie de porter, c'est que toutes ces dimensions ne s'opposent pas et que l'on doit garder la force de l'inclusivité. Et normalement, une bonne laïcité, c'est une inclusivité bien organisée."
 

La laïcité, c’est une partie du vivre-ensemble et c’est aussi une notion qui, si l’on réfléchit un peu, n’est pas très loin de la notion de démocratie.

Philippe Olivier, avocat

 

Pour une nouvelle définition

Sans remettre en cause la place de la laïcité comment ne pas s’interroger sur une nouvelle définition qui prenne en compte nos spécificités. Comment ne pas se souvenir de ce que la politique en Calédonie doit aux églises catholiques ou protestantes. Sans oublier l’histoire. Quand, en 1988, l’Etat lui-même décida d’envoyer avec la mission du dialogue un pasteur et un chanoine pour ramener la paix.

Le reportage de Bernard Lassauce et Carawiane Carawiane :


Un rassemblement à venir

Cette journée de débats était là pour poser les jalons avant un futur grand rassemblement sur la laïcité. Il devrait avoir lieu en septembre ou en octobre, à Ko We Kara.

Le reportage radio de Coralie Cochin :

Débat sur la laïcité par l'EPKNC