C'est un courrier de la mairie de Nouméa qui a mis le feu aux poudres. Dans une lettre envoyée au début du mois, la mairie indique aux poissonniers calédoniens qu'ils devront désormais payer la glace qui leur permet de conserver leurs poissons. Un tarif mensuel qui atteindra donc 48 000 francs pour les petites stalles et 72 000 pour les plus grandes. L'augmentation, prévue dès l'année prochaine, va donc mécaniquement tripler le prix du loyer. Le président du collectif des poissonniers, Christophe Pierron, dénonce des incohérences. "Si on prend une semaine de vacances, ça ne change rien du tout, on paye quand même 50 000 francs de glace par mois. Donc ça ne va pas du tout, on ne peut pas payer des choses auxquelles on n'aura pas accès. On veut bien faire un effort mais dans ces cas-là, il faut discuter."
Une mauvaise surprise dans une situation économique dégradée
Sur l'étal voisin, Myriam peste, elle aussi, contre cette augmentation soudaine décidée dans un contexte déjà morose. "Nos revenus ont baissé, par contre on a beaucoup de charges. En plus, j'ai deux employés donc il faut en vendre beaucoup du poisson pour pouvoir payer tout le monde et assurer les à-côtés."
Dans cette histoire, les vendeurs ne sont pas les seuls mécontents. Les pêcheurs aussi craignent des répercussions, à l'image de Benoît Beliaeff, le président du syndicat des professionnels côtiers de la province Sud. "A partir du moment où il y a une augmentation des charges au marché, elle va s'exercer en amont vers les pêcheurs... et cette situation rejaillit sur l'ambiance générale du marché."
"Ce service doit être financé par les bénéficiaires"
De son côté, la mairie justifie cette nouvelle charge par une volonté de diminuer le déficit du marché. Elle précise dans son courrier que les vendeurs conserveront le même loyer s'ils décident de se fournir en glace auprès d'un prestataire extérieur. Philippe Jusiak, le secrétaire général de la mairie de Nouméa par intérim précise : "Le contexte n'est plus le même qu'auparavant, que ce soit financièrement ou juridiquement, donc cette pratique (de fourniture gratuite de glace ndlr) n'est plus possible. Donc soit cette glace est achetée à un prix à l'équilibre, c'est à dire relativement symbolique mais qui permet de faire fonctionner cette machine à glace, soit cette glace est achetée à un prestataire privé. Dans tous les cas, ce service doit être financé par les bénéficiaires."
Le reportage de Karine Arroyo, Caroline Antic-Martin et Franck Vergès :