Meurtre de Tina : le procureur s’exprime

On a un peu plus de précisions sur le drame qui s’est déroulé ce jeudi dans le quartier de Tina Golf à Nouméa. Le Dr Peres a été mis en examen du chef d'assassinat et placé en détention provisoire au Camp Est. Il a livré sa version des faits.  

A l'issue de sa présentation devant la justice, le Dr Olivier Peres a été mis en examen par le juge d'instruction du chef d'assassinat et placé en détention provisoire au Camp Est.

Chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique du Médipôle, il était en garde à vue depuis le jeudi 13 septembre, à 18h30, dans le cadre d’une enquête pour homicide volontaire sur la personne d’Eric Martinez, un homme qui travaillait dans l'immobilier depuis quelques années et serait un ancien militaire.
C’est lui-même qui a alerté la police jeudi en fin d’après-midi pour révéler être l’auteur des tirs mortels et qui a indiqué où s’étaient déroulés les faits (à savoir le Golf de Tina). C’est également lui qui a indiqué l’endroit où se trouvait l’arme ayant servi au crime. Une arme qui a été saisie. 
 

Un climat de peur

De très nombreuses zones d’ombre existent dans ce dossier sur les circonstances ayant conduit l’auteur à commettre l’irréparable. Le mis en cause a expliqué qu’en réalité les deux familles se fréquentaient depuis plusieurs mois déjà et étaient devenues très proches. « sans doute trop » explique le procureur de la République Alexis Bouroz puisque « le Dr Peres présente sa victime comme ayant fini par avoir une emprise sur son couple, parlant même de manipulation mentale, voire de harcèlement. » 
Selon ses dires, le couple Peres a souhaité à un moment prendre ses distances avec cet homme qui n’aurait pas accepté la situation et dans une ambiance qu’ils décrivent comme « oppressante et étouffante », le couple a commencé à prendre peur, d’autant que la victime avait pu faire état avoir travaillé dans le passé comme un agent des forces spéciales. Une assertion qui à priori n’est pas avérée, mais qui a été alléguée auprès de plusieurs témoins selon le procureur. 
L’épouse de Mr Martinez elle-même, selon le Dr Peres, « aurait entretenu ce climat de peur en présentant son conjoint comme quelqu’un de capable de violences froides et capable du pire.  Ce qui est formellement contredit par l’intéressée elle-même. »
 

Des menaces ?

Le Dr Peres est allé voir en début de semaine le commissariat de police pour faire une main-courante pour dénoncer ce climat oppressant. Le couple est allé voir son avocat, lequel est venu rencontrer le Parquet pour faire état de ses inquiétudes. Après quelques brèves vérifications, aucune enquête sérieuse n’avait débuté puisqu’aucun élément objectif ne venait étayer la réalité des menaces. « C’était plus une atmosphère que des menaces précises, une enquête devait se faire mais il n’y avait pas urgence particulière à ce moment là. »

 

 

Le déroulement des faits

Au cours de sa garde à vue, le Dr Peres a expliqué que ce jour là, il travaillait au Médipôle et a reçu dans la journée un SMS de son épouse lui expliquant qu’elle se trouvait au practice du golf avec ses enfants. Le Dr Peres se serait inquiété puisque Mr Martinez fréquentait ce golf pour y promener des chiens assez régulièrement. « Compte tenu que depuis des jours il vivait dans un état d’anxiété importante, de stress, dormant peu, il a pris sur lui la décision « d’inverser la terreur » et de repartir de son travail. » Il est retourné chez lui où il s’est emparé d’un calibre 12 ainsi que de cartouches de chevrotine avant de partir en voiturette de golf à la recherche d’Eric Martinez. Une fois retrouvé, il a pointé son fusil vers l’intéressé qui promenait son chien pour lui dire de cesser les menaces sur lui-même et sur sa famille et lui faire peur à son tour. Selon le procureur de la République, « il dit avoir eu l’impression que Mr Martinez  n’était pas impressionné et qu’au contraire venait au contact en mettant une main dans la poche.  Comme il le sait régulièrement armé, il a pris peur et a effectué un 1er tir au niveau de la main, le blessant une 1ère fois.  Il a tiré immédiatement après un second coup de feu au niveau de la jambe, qui a eu pour effet de stopper l’avancée de Mr Martinez qui s’est écroulé sur place en tombant sur les genoux. Et là, il recharge l’arme, expliquant qu’il redoutait tellement que Mr Martinez  puisse sortir une arme, et dans ce qu’il estime être un réflexe de légitime défense, tire une 3ème fois, au niveau du thorax. » Il retourne ensuite chez lui pour alerter la police. 
Les constatations ont montré que la victime était en possession d’une matraque et de morceaux de couteau qui avait du être brisé sous l’impact de l’un des tirs. 
 

Une autopsie et une enquête difficile

La description des faits et des tirs est à priori compatible avec les constatations des enquêteurs indique Alexis Bouroz, mais seule l’ autopsie qui aura lieu lundi pourra permettre de le confirmer ou non. 
L’enquête promet d’être longue : de très nombreux scellés sont à exploiter, de très nombreux témoins à entendre, il va falloir enquêter sur la nature des relations des deux couples et la réalité ou non des menaces.

Les lieux du crime.

 

 

De nombreuses armes

Des perquisitions ont été effectuées aux domiciles du mis en cause et de sa victime.
4 armes ont été retrouvées chez le Dr Peres qui était inscrit dans un centre de tir, dont un pistolet mitrailleur qui aurait été donné par Eric Martinez. 
Chez la victime, au moins 13 armes, dont des armes de poing type 357 Magnum et Beretta. Des vérifications sont en cours sur leur déclaration ou non.  
 

Assassinat ou meurtre ?

Une information judiciaire a été ouverte par le procureur de la République pour assassinat. Le Dr Peres devait être mis en examen ce samedi soir par le juge d’instruction soit du chef de meurtre soit du chef d’assassinat. Selon la qualification, il risque entre 30 ans de réclusion criminelle ou la perpétuité. 
Le Dr Peres conteste l’intention homicide, et à fortiori la préméditation. Son épouse avait également été placée en garde à vue, mais a été mise hors de cause de façon assez claire indique le procureur.

Ecoutez le procureur de la République Alexis Bouroz au micro de Jeannette Peteisi et Patrick Nicar 

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