Municipales : les enjeux à Nouméa

Les quartiers Nord de Nouméa sont des quartiers populaires qui votent peu mais peuvent faire la différence. Or, depuis des décennies, la division Nord/ Sud est toujours aussi criante.  
À chaque élection municipale, les électeurs des quartiers Nord sont aussi les cibles des slogans de campagne. Le vote populaire comme un atout décisif ?
« Ils nous promettent beaucoup de choses les élus. C’est bof. Moi, je vais jamais voter » confie Bernard, un habitant de Rivière-Salée.
 

Un sentiment d’abandon

Un électorat volontiers désabusé à la mesure de la marge dans laquelle il se sent enfermé. « Nous, nous sommes abandonnés. Est ce que c’est le même cas dans les autres quartiers Nord ? » s’interroge Irène Maperi, présidente d’association du quartier de Montravel. 
 

Des cités-dortoirs 

Quartier Nord/ quartier Sud : si la division n’est pas seulement géographique, elle est en tout cas historique. Comme le résultat d’une politique d’aménagement du territoire jamais définie.
« C’est des cités-dortoirs à l’intérieur de la ville. C’est ça la difficulté des quartiers Nord, c’est que c’était des aménagements pour pouvoir accueillir des gens qui viennent travailler. Donc, on n’a pas prévu que les enfants qui vont naître, qui vont être les générations trois et quatre, vont habiter le quartier, au sens, ils y sont, ils vont se construire dans ces quartiers là » explique le sociologue Jone Passa. « On a négligé ça. On a répondu à la question du logement, on n’a pas répondu à la question de la vie à l’intérieur de ces logements là, la vie sociale ».
 

Un déséquilibre 

Le déséquilibre est en tout cas criant. Ainsi entre Nord et Sud, le taux de chômage y est deux fois et demie supérieur. Le nombre de sans diplômes multiplié par deux. Enfin, c’est un gouffre qui sépare les populations en matière de succès dans les études supérieures. 
« La rupture, elle est à tous les niveaux. Social, économique, ethnique, politique… Tous ces clivages là renforcent le sentiment de division à l’intérieur d’une même entité qu’est la ville » poursuit Jone Passa. 

Et de malaise ! Comme dans cette cité Pierre-Lenquette, défigurée par les incivilités et qui semble toujours entre deux programmes de rénovation. Cité où les résidents sont à la fois otages et victimes des agissements d’une minorité. 
Avec l’impression de n’être entendus par personne. Pouvoirs publics, bailleur social, restent sourds à tous les appels.
« C’est un quartier abandonné. C’est pour ça que je dis que la cité Pierre-Lenquette est devenue une cité de non-droit. Débrouillez-vous avec vos problèmes, débrouillez-vous avec vos misères, nous on va ailleurs et gérez vous même vos problèmes » regrette Irène Mapéri. 
 

Une question d’image

Pourtant, impossible de nier les investissements réalisés pour désenclaver ces quartiers. Reste à changer l’image qui colle à la peau de certains lieux. À Rivière Salée, il y a aussi des commerçants satisfaits.
« Ce n'est pas mal famé du tout. Je veux dire il y a de la vie ici, il y a des familles, il y a des gens qui vivent partout. Moi, je ne vis pas ici mais je suis là tous les jours. Je ne me fais pas attaquer dans mon magasin, tout est très bien, sain et sauf. On a des vigiles… » reconnaît Soraya, commerçante du quartier. 

Le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor
 

La carte d’identité de Nouméa