N comme Nouméa
La confusion avec Fort-de-France, en Martinique, étant trop fréquente, en 1866, Port-de-France est rebaptisé Nouméa. Le nom viendrait de la traduction, en langue djubea, de “nou”, presqu’île, et “méa”, banc de poissons, référence aux premiers habitants du lieu : un clan de pêcheurs.
O comme Ouen Toro
Culminant à 132 mètres d’altitude, l’esplanade du Ouen Toro offre une vue panoramique sur le lagon sud et une partie de la ville. Pour se prémunir contre les éventuelles attaques des tribus kanak, des évadés du bagne ou des troupes britanniques puis allemandes, l’armée y a construit un poste de surveillance dans les années 1890. Le fort comprenait des blockhaus reliés par des galeries maçonnées, un logement de gardien et une batterie, dont un canon est toujours exposé au bout de la route d’accès à l’esplanade. Le lieu est aujourd’hui prisé des promeneurs, des joggeurs, des cyclistes, des parapentistes et des protecteurs de la nature, qui mènent plusieurs chantiers de reboisement.
P comme population
La centaine de militaires et de fonctionnaires français postés au fort sont rapidement rejoints par des colons et par des négociants, qui s'installent en périphérie. En 1857, Port-de-France compte environ 900 habitants et commence à ressembler à un village avec son église Sainte-Clothilde, inaugurée en 1858. Le travail des bagnards puis l’exploitation du nickel vont en faire une ville. La population atteint les 10 000 habitants avant la crise économique de 1930, qui stoppe la croissance démographique. Elle reprend après la Seconde Guerre mondiale et la fin des régimes spéciaux et explose avec le boom du nickel : entre 1946 et 1976, le nombre d'habitants a été multiplié par six, passant à 56 078. Il a continué à progresser jusqu’en 2014, avec 99 926 Nouméens recensés. Depuis, il baisse, au profit des villes périphériques de Païta et Dumbéa notamment.
Q comme quartiers
Aujourd’hui, la ville compte 37 quartiers. Les premiers à se développer sont la Vallée-des-Colons, la Vallée-du-Tir, la baie de l'Orphelinat et le Faubourg-Blanchot, du nom de Barthélémy Blanchot, qui, en 1872, était propriétaire de quasiment tous les terrains composant ce quartier. L'île Nou, Montravel et Ducos vont quant à eux accueillir des camps pénitentiaires et, pour les deux derniers, s’urbaniser sous l’effet de l’ouverture des hauts fourneaux de Doniambo, en 1910. Les quartiers Sud, eux, commencent à se peupler après le passage des Américains. Puis c'est au tour des quartiers Nord de se "remplir" après le boom du nickel.
R comme remblais
Rivière-Salée, la Moselle, le Quartier-Latin, une partie du centre-ville, de la Vallée-du-Tir ou encore du Faubourg-Blanchot étaient à l’origine dans l’eau, de mer ou de marécages. Dès 1857, il faut remblayer au pied du fort Constantine pour construire les infrastructures coloniales. L’année suivante commence l’arasement de la butte Conneau pour dégager l’accès au port. La terre servira à combler 12 hectares de marais salins, principalement au centre-ville, où est alors aménagée la place des Cocotiers, au Quartier-Latin et à Montravel. Dans les années 1930, de grands travaux de remblaiement sont à nouveau lancés, baie de la Moselle et Quartier-Latin. Ils permettront de redonner du travail à de nombreux chômeurs, victimes de la crise économique. La construction de la digue qui relie l’île Nou à Nouméa est l’un des derniers gros chantiers de remblais. Il date de 1972.
S comme sports
Avant 1956, le football, la boxe, le cheval, le cyclisme et le cricket, côté mélanésien, sont les disciplines reines à Nouméa. Pour développer la pratique, un service des sports est créé par la municipalité cette année-là. Deux ans plus tard, plus de cent terrains ont été ouverts et près de cent clubs se sont constitués (contre une dizaine). Mais c’est l’accueil des Jeux du Pacifique, en 1966, qui va donner à Nouméa ses équipements phares : le stade de Magenta, la salle omnisports de l’Anse-Vata et la piscine du Ouen Toro. Ils révéleront aussi des sportifs : les coureurs Alain Lazare et Nadia Bernard, le footballeur Marc Kanyan, qui rejoindra l’équipe de France en 1967 ou encore Paul Poaniewa, champion de France de saut en hauteur 1975.
T comme tours
Entre 1968 et 1972, le boom du nickel amène 30 000 personnes à Nouméa. Elles viennent de l’Hexagone, de Wallis-et-Futuna, de Brousse et des Îles. Pour les loger, des tours sont construites à Magenta, à Montravel (la cité Pierre-Lenquette), à Tindu et au nord de la ville (la cité de Saint-Quentin). Cette dernière est composée de huit bâtiments de quatorze étages, à la mode des banlieues françaises. Une aberration, soulignait Évelyne Lèques dans un livret historique publié en 2013. Administratrice de la Sic (société immobilière calédonienne, un bailleur social) de 1989 à 2011, elle raconte que “lorsque le directeur général de la Sic présenta le projet, les élus de l'Assemblée territoriale étaient éberlués : des tours en rase campagne... Car, on avait de la place à l'époque. Et l'offre n'était pas du tout adaptée au pays.” Mais "au cours des discussions, la réponse fut nette : ''C'est l'État qui paie, c'est à prendre ou à laisser''".
Quand elles sont livrées, en 1974, le boom est retombé. De nombreux logements restent inhabités pendant des années, la Sic se retrouve en difficulté. Quatre tours de Saint-Quentin ont depuis été détruites. Il en reste trois, vides. Celles de Magenta, de Pierre-Lenquette et de Tindu sont en cours de modernisation.
U comme usines
Les hauts fourneaux de Doniambo sont devenus un symbole de la production de nickel. Mais avant leur ouverture, en 1912, d’autres usines ont existé à Nouméa. La première production mondiale de nickel pur authentifiée a été réalisée début 1876 par trois beaux-frères, Le Mescam, Carbonneau et Belet, dans leurs ateliers installés à la pointe Chaleix. Ils projettent rapidement de créer des hauts fourneaux mais leur banquier fait faillite, les ateliers ferment. Ils seront rachetés par John Higginson en 1879. L’aventurier et industriel britannique a déjà une usine de nickel non loin de là, à l’emplacement de la piscine du cercle des nageurs calédoniens. En 1880, il s’associe à Jules Garnier, découvreur du premier filon de nickel calédonien, et Henry Marbeau, qui ont ouvert une fonderie dans le sud de la France. La Société Le Nickel est créée.
En 1931, au moment de la crise économique, elle fusionne avec Caledonia, ancienne Société des hauts fourneaux de Nouméa créée en 1909 par l'homme d'affaires bordelais André Ballande. C’est à lui qu’appartient Doniambo. Le site devient le principal centre de transformation du nickel de la nouvelle entreprise, qui garde le nom de SLN.
V comme Vata
Dénommée “baie des canards” en 1861, l’anse Vata a finalement conservé son nom mélanésien, qui la désignait comme baie “Ouata”, soit baie du Santal. Après l’ouverture d’une route d’accès dans les années 1860, elle devient un lieu de promenade prisé. Pendant longtemps, la maison du gouverneur et la résidence d’été du gouverneur ont été les seules habitations. Les colons se sont également inspirés de la toponymie kanak pour Ouémo, “l’endroit où il y a des serpents”.
W comme WC
Jusqu'à la fin des années 1970, Nouméa a eu un service de tinettes, ou de ramassage des seaux et pots de chambre. Une sorte de camion poubelle passait deux fois par semaine dans les rues non raccordées au tout-à-l’égout. Les employés tiraient une trappe sous les WC extérieurs, récupéraient les récipients et les vidaient au dépotoir de Doniambo. Plus précisément à l'entrée, dans la mangrove, ce qui attirait les poissons, racontait un ancien employé en 2019. Le service, mis en place en 1927, a progressivement disparu avec le développement des réseaux d'assainissement.
X comme classé X
Ce qui se passait derrière les volets de la Maison rose à la Vallée-du-Tir. Cette belle bâtisse de 1905, baptisée aussi château Moreau, du nom de son premier propriétaire, a laissé des souvenirs aux soldats américains stationnés en Nouvelle-Calédonie durant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, la Pink House faisait en effet office de maison de tolérance. En quatre mois de fonctionnement, elle aurait enregistré 24 000 visites de sous-officiers américains, reçus par Madame Bénitier et ses « filles ». Propriété de la SIC, l’immeuble a dû être démoli en 2015, mais il devrait être reconstruit à l’identique.
Y comme Yahoué
Sur le site choisi par Tardy de Montravel, il n’y a ni source, ni rivière. Le manque d’eau potable devient vite un problème majeur. Une des solutions trouvées : capter l’eau de pluie dans des caisses. Les infections sont légion. C’est seulement en 1877 qu’une canalisation est posée entre la ville et un captage sur la rivière de Yahoué. Puis, au début des années 1890, un barrage est construit sur la Dumbéa, une nouvelle canalisation est mise en place. Elle permettra notamment d’alimenter des bornes-fontaines, en libre-service dans la ville.
Z comme zone industrielle
C’est un autre héritage du boom du nickel. L’urbanisation de Nouméa ayant accéléré dans tous les quartiers, les autorités décident de regrouper les ateliers et entrepôts industriels. En 1960, par arrêté, il crée un lotissement industriel à Ducos. Les rues portent presque toutes les noms de savants ou d’ingénieurs. Elles sont désormais saturées. Mais d’autres zones industrielles ont pris le relais dans l’agglomération.