Nouméa : l’auteur présumé des deux homicides volontaires dans un squat de Nouville dort au Camp-Est

Le Camp-Est, image d'illustration.
Le dimanche de Pâques, un habitant de squat, à Nouméa, sur la presqu'île de Nouville, prévenait la police qu'il venait de tuer son frère et de tirer sur sa belle-sœur. Poursuivi pour homicides volontaires, il a été placé en détention provisoire. Explications.

De Nouville, à Nouville. L’homme de quarante ans accusé d’avoir abattu son frère aîné et sa belle-sœur, dimanche 9 avril, dans un squat de la presqu’île, a été placé en détention provisoire au Camp-Est. Il est poursuivi pour homicide volontaire suivi d’un autre crime, là aussi un homicide volontaire. La nouvelle a été transmise par le procureur de la République, dans un communiqué diffusé ce mardi soir.

Appel au 17

Yves Dupas développe le fil du drame tel que révélé par les éléments recueillis à ce stade : “Il ressort des éléments de l’enquête diligentée par le service territorial de police judiciaire de la direction territoriale de la police nationale, que le 9 avril 2023, à 9h10, le poste 17 de police secours recevait un appel téléphonique d’un homme qui signalait qu’il venait de tuer son frère et de tirer sur sa belle-sœur avec une arme à feu, au squat Dubaï de Nouville." Sur place, les enquêteurs découvrent le corps d’un homme, allongé près d’une table à l’extérieur de sa cabane. Il a deux importantes blessures à la tête. Un peu plus loin, au niveau d’une colline, une femme git face contre terre. Elle porte dans le dos plusieurs impacts d’arme à feu.

Problème de parcelles

Il est à peine 9h25, quand l’auteur présumé "qui ne présentait aucun signe d’ivresse lors de son interpellation" est placé en garde à vue. Toujours selon le procureur, l'homme reconnaît durant ses auditions qu'il a volontairement tiré sur son frère, à deux reprises. Et cela, suite à une dispute qui serait survenue en tout début de matinée, à propos des parcelles de terre que les deux frères exploitaient, près de leurs habitations limitrophes.

"En réaction" à des coups de casserole

L’auteur présumé soutient que lors de cette dispute, son frère l'a frappé à la tête avec une casserole. Lors de son examen médical, il sera en effet relevé "trois contusions au niveau du crâne susceptibles de corroborer ses dires". "En réaction à cet acte de violence", indique le quadragénaire, il a "rejoint son habitation toute proche, pour s’emparer de son arme, un fusil de chasse de calibre 12, acheté récemment, qu’il avait remonté et armé. Il se serait alors dirigé vers son frère qui prenait le café sur une table à l’extérieur, et aurait visé la tête une première fois. Puis aurait tiré une seconde fois à bout portant, en visant le front, alors que la victime se trouvait allongée au sol."

Témoin

L'homme précise alors, rapporte Yves Dupas, qu’il a tiré en direction de sa belle-sœur alors qu'elle tentait de fuir par un sentier menant sur les hauteurs de la colline. Mais il assure qu'il n’avait pas l’intention de la tuer. Toujours selon le parquet, "une cousine de l’auteur présumé, qui n’avait pas assisté à l’altercation physique du début de matinée, était assise à la table des deux victimes, juste avant le crime". Son témoignage va confirmer les deux coups de feu en direction du frère, "à deux mètres, en visant la tête". En revanche, elle n'a pas vu le tir envers la femme car elle s'est enfuie, "craignant pour sa vie".

"Mal-être"

Toujours lors de ses auditions, l’auteur présumé, dernier d’une fratrie de treize enfants, a évoqué des violences subies de la part de son frère, durant son enfance, "sans toutefois déposer plainte à son encontre". Il a évoqué "un sentiment de frustration et de rancœurs vis-à-vis des membres de sa famille". Un "mal-être dans un contexte familial compliqué où personne n’avait souhaité l’aider pour s’installer à Ouvéa, l’obligeant à venir vivre à Nouméa". Mais le procureur d'ajouter : "Par rapport à ce sentiment de  rancœur très ancré et ancien à l’égard de son frère, victime de l’homicide volontaire, il admettait toutefois, avoir déjà été condamné en 2018 pour des faits de violence commis sur celui-ci, le 25 décembre 2017." 

En attente des autopsies

Une peine d’emprisonnement qui a alors entraîné son incarcération. Cette fois, l'homme encourt la peine maximale, de réclusion à perpétuité. Les autopsies des corps doivent avoir lieu "dans les prochains jours"