Olivier Pérès espérait sortir du palais de justice de Nouméa en homme libre.
Une semaine après avoir défendu sa demande de mise en liberté devant la chambre de l'instruction, l'ancien chirurgien du Médipôle n'a même pas été extrait de sa cellule du Camp-Est, mercredi matin.
Les magistrats de la cour d'appel de Nouméa ont en effet rejeté sa demande de libération formulée deux mois à peine après sa condamnation par la cour d'assises d'appel à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'Eric Martinez sur le golf de Tina en septembre 2018. Une condamnation en suspens pour l'instant puisque Olivier Pérès a formé un pourvoi en cassation.
Le sexagénaire, apparu visiblement amoindri et les traits creusés à l'audience de la semaine dernière, avait justifié cette demande de libération pour des raisons médicales. En cause, des problèmes de "dénutrition", de "digestion" et une "perte musculaire".
"Pronostic vital engagé à moyen terme"
"J'ai besoin d'un protocole médical strict et d'un traitement lourd. La seule chance de m'en sortir est, comme en octobre dernier, de suivre un stage de rééducation au CSRR [centre de soins de suite et de réadaptation, NDLR] avec des médecins spécialistes", avait-il affirmé.
Entre les mains des magistrats de la chambre de l'instruction, un rapport médical qui avait été ordonné à la mi-mai. Le médecin-expert avait notamment relevé un état de santé dégradé qui n'était plus compatible avec un maintien en détention. "Si les contraintes actuelles restent en l'état et vu la dégradation rapide de l'état de santé de M. Pérès en un mois, il faut conclure que la dénutrition va s'aggraver et que son pronostic vital est engagé à moyen terme", avait souligné l'expert.
Des conclusions que les magistrats de la chambre de l'instruction n'ont donc pas suivi.
Un risque de fuite ?
À l'énoncé du délibéré, le président Philippe Dorcet a brièvement expliqué que le rejet de cette libération était "principalement motivé par le risque de fuite" à l'étranger et que ses garanties de représentation devant la justice n'étaient pas suffisantes. "Fuir, ce n'est pas compliqué. Vous allez à Port-Moselle, vous prenez un skipper et vous allez où vous voulez", avait précisé le président.
Olivier Pérès avait voulu être rassurant, affirmant vouloir "aller au bout de cette affaire car tout n'est pas perdu. Aujourd'hui, on ne parle plus d'assassinat mais de meurtre. Je veux aller encore plus loin".
Il n'y a absolument aucun élément dans le dossier qui indique que notre client organise sa dénutrition. Ce n'est pas une preuve mais une théorie.
Me Laurent Aguila, l'un des avocats d'Olivier Pérès
Autre argument invoqué par la chambre de l'instruction, Olivier Pérès entretiendrait lui-même sa dénutrition. Contacté par la rédaction, l'un des avocats de la défense, Me Laurent Aguila, parle d'une "fable sortie de l'imagination des magistrats. C'est du pur fantasme, un bruit de couloir dans la salle des pas perdus qui ne repose sur rien. Il n'y a absolument aucun élement dans le dossier qui indique que notre client organise sa dénutrition. Ce n'est pas une preuve mais une théorie. Nous ne l'acceptons pas".
Quant à un potentiel risque de fuite à l'étranger, Me Aguila évoque "un argument dépassé qui est absolument trompeur et scandaleux. Olivier Pérès a déjà été remis en liberté par le passé à plusieurs reprises, il n'a jamais pris la fuite".
Les avocats de l'ancien médecin réfléchissent désormais à introduire un pourvoi en cassation pour contester le rejet de cette demande de mise en liberté.
En attendant, l'ancien chirurgien reste donc en détention provisoire. Rien ne lui interdit de déposer prochainement une nouvelle demande de mise en liberté.