Qui est Véronique Roger-Lacan, la nouvelle ambassadrice de France pour le Pacifique ?

Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de France pour le Pacifique.
Véronique Roger-Lacan est la première ambassadrice de France pour le Pacifique à être basée en Nouvelle-Calédonie, à Nouméa. Elle a aussi été la première femme française de couleur à devenir ambassadrice. Retour sur une petite partie de son parcours et sur ses nouvelles missions.

Véronique Roger-Lacan est née au Vietnam, de parents originaires de Pondichéry, une ville indienne qui a été colonie française jusqu’en 1954. Avec eux, elle a aussi vécu en Ethiopie, au Maroc... “Beaucoup de personnes de ma famille étaient des enseignants à l'étranger, des administrateurs des colonies...” Avec eux, elle a côtoyé des diplomates. Et rapidement voulu le devenir. Elle a commencé aux Nations unies, pour “le côté universel, la défense des intérêts de tout le monde, le concert des nations. Même aujourd'hui, à mon âge, je suis encore très naïvement attachée à cet idéal”, livre-t-elle depuis Nouméa, où elle est arrivée le 14 octobre.  

Plus de trente ans de carrière 

Elle a effectué des missions en Asie du Sud-Est, en Afghanistan, au Sahel, traité d'affaires stratégiques et de sécurité européenne, de lutte contre la piraterie maritime ou encore de défense de l’éducation, de la culture et du patrimoine. À 59 ans, la voilà désormais ambassadrice pour le Pacifique. Basée à Nouméa. Une nouveauté. Dans la diplomatie française et pour elle, qui n’avait encore jamais eu l’occasion de venir en Nouvelle-Calédonie. 

Elle découvre le territoire et sa complexité institutionnelle “avec beaucoup d’intérêt et d’étonnement”. “Pour y comprendre quelque chose, il faut avoir beaucoup d'intuition, de la patience, peut-être, et une volonté d'aboutir.” Des capacités dont elle dispose. Sans quoi, le poste ne lui aurait pas été proposé.  

Sa nomination, elle estime la devoir à son expérience d’ambassadrice à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, l’Unesco, sa dernière fonction, qu’elle a occupée quatre ans. Plus qu’à son expérience dans la résolution de crise.

La diplomatie, c'est apprendre à se connaître les uns les autres, à se comprendre et à trouver comment défendre ses propres intérêts en fonction des approches de chacun, mais surtout comment défendre des intérêts mutuels.

À l’Unesco, elle a démontré “sa capacité à comprendre et à se glisser dans les habits des candidats aux inscriptions au patrimoine mondial, comme la Martinique, pour la candidature des volcans et forêts de la Montagne pelée et des pitons du Nord de la Martinique”. Elle a aussi eu à travailler avec les “territoires et Etats insulaires des Caraïbes et du Pacifique”. Elle a pu observer leur montée en puissance, notamment "sur toutes les questions de dérèglement climatique. Ils disent ‘nous en sommes les victimes, pas les causes, donc nous voulons être écoutés, pris en compte.’”  

Véronique Roger-Lacan sait aussi à quel point, “souvent, politiquement, ils n'aiment pas être soumis aux choix des grandes puissances. Typiquement, en ce moment, dans cette course entre la Chine et les Etats-Unis, ils disent ‘On ne veut pas être contraints de choisir. On ne veut pas de logique des blocs dans le Pacifique’. Ne pas se laisser enfermer dans une logique de blocs, c'est aussi l'approche de la France”, affirme la diplomate.  

Pourquoi cette installation à Nouméa ? 

En revanche, on a des choses à proposer à tous ces Etats qui veulent pouvoir choisir ce qui correspond à leurs besoins.” Son installation à Nouméa vise tout simplement “à répondre de manière plus concrète et plus proche à leurs attentes”, assure-t-elle. Non, la temporalité n’est pas anodine. “Tout cela a été instauré dans le cadre d'un renforcement de notre présence dans le Pacifique avec l'ouverture d'une nouvelle ambassade à Samoa en 2024”, admet-elle. Mais elle balaye les soupçons d’interventionnisme.  

C'est plus facile d’être sur zone que de travailler depuis la France, si loin.

Je crois que les autorités de Nouvelle-Calédonie comprennent bien qu’il s’agit d'utiliser, pour l'exercice de leurs compétences à elles, si elles l'estiment utile, les ressources et les compétences de l'Etat français et, pour moi, de ne pas passer à côté de la connaissance intime que le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a de la région. 

Ils se retrouveront au Forum des îles du Pacifique, aux îles Cook, en novembre. Les gouvernements calédonien et de la Polynésie française, comme membres à part entière. L’Etat français comme “partenaire de dialogue”, prêt à "apporter des messages d’engagement”, financier dans certains cas. Dans le respect de “cette unité à laquelle les Etats et territoires insulaires du Pacifique sont attachés”, souligne l’ambassadrice.   

Je pense qu'on doit s'aider les uns et les autres à obtenir le plus possible, précisément pour les citoyens de Nouvelle-Calédonie et des autres territoires français du Pacifique, de même que pour les populations de la région.

Véronique Roger-Lacan espère aussi aider le ministre de la Mer à en repartir avec une ébauche de projet pour le Pacifique, à présenter à la conférence des Nations unies sur les océans, que la France présidera en 2025.

 

L'ambassadrice de France pour le Pacifique était l'invitée de la matinale jeudi 2 novembre :