Les anesthésistes-réanimateurs libéraux ont décidé de ne plus assurer les accouchements à Kuindo-Magnin au-delà du 15 juin. Mais aussi les interventions lourdes. Un double enjeu : faire reconnaître les missions de service public assurées par la clinique privée, et changer le mode de financement.
[MAJ] Nouvelle annonce ce samedi 12 juin. A la clinique Kuindo-Magnin, à Nouméa, ce ne sont plus seulement les accouchements qui ne seront plus assurés à partir de mardi. Dans un communiqué, l’établissement de santé annonce qu’il déprogramme également les interventions lourdes nécessitant la présence d’un anesthésiste réanimateur. Les patients qui pourraient présenter un risque de décompensation ne seront plus admis.
Quant aux futures mamans, elles sont invitées à prendre contact avec leur gynécologue et à se présenter au Médipôle en cas d’urgence. Rappelons qu’il y a une semaine, les anesthésistes de la clinique avaient annoncé arrêter les gardes à partir du 15 juin.
"Faute de disposer des moyens nécessaires à la sécurisation de leur activité"
Les futures mères qui prévoyaient d’accoucher à la clinique de Nouméa au-delà du mardi 15 juin doivent-elles d’ores et déjà se tourner vers le Médipôle de Koutio ? Au risque de saturer la maternité de l’hôpital ? Les anesthésistes-réanimateurs libéraux ont pris la décision de ne plus faire d'accouchements à Kuindo-Magnin à compter de cette date.
"Faute de disposer des moyens nécessaires à la sécurisation de leur activité", est-il écrit dans un communiqué co-signé par ces professionnels de santé et l’établissement privé. "La clinique prend acte de cette décision et souhaite qu’une issue rapide soit trouvée à cette problématique légitime afin d’éviter tout désagrément pour les parturientes", poursuit-il - en utilisant ce terme médical qui désigne la femme en train d’accoucher.
"Prise en charge moderne"
Au cœur du problème, récurrent, et de "ces résolutions difficiles" : le nerf de la guerre. Kuindo-Magnin estime que depuis son ouverture en septembre 2018, elle "offre aux patients calédoniens l’accès à une prise en charge moderne qui allie qualité et sécurité des soins en médecine, chirurgie et obstétrique".
En évoquant la prise des urgences adultes et obstétricales sept jours sur sept, un nombre croissant d’interventions chirurgicales et de séances de chimiothérapie, ou encore "la seule offre d’urologie du territoire, qu’elle développe en coopération avec l’hôpital public".
La permanence des soins, une compétence de la Calédonie
Mais elle insiste : "L'organisation de la permanence des soins est une compétence de la Nouvelle-Calédonie, qui en définit le périmètre et les modalités de mise en œuvre. Dans le cadre du regroupement des trois cliniques [- Anse-Vata, Magnin et Baie-des-Citrons -] au sein d'un établissement unique, cette contrainte, eu égard aux changements d'échelle, s'est imposée à nous et représente un coût important, pour la [nouvelle] clinique et le médecin libéral."
Attente de prise en charge
"Pour pouvoir continuer à offrir en continu une offre de soins de qualité, nous avons besoin de ressources proportionnées à l'objectif poursuivi", plaident la direction de Nouville et les médecins anesthésistes. Ils expliquent que les autorités ont été sollicitées "pour assurer la prise en charge financière de cette mission de service public". Et qu’"à ce jour, nos demandes n’ont pas abouti".
Un modèle à "repenser"
Derrière cette annonce fracassante, c’est le modèle de financement de l’activité libérale qui est questionné. Selon Kuindo-Magnin et les médecins, "il est primordial qu’[il] soit repensé pour tenir compte des contraintes réglementaires qui nous sont imposées, et que la clinique soit enfin reconnue comme participant au service public de santé calédonien avec des financements dédiés, détachés de toute notion d’acte."